Alpha Blondy peut il réconcilier les Ivoiriens?

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La mission est noble. La volonté de vouloir réconcilier les ivoiriens est un acte louable qu’aucun ivoirien ne peut condamner ou saboter vu l’urgence de mettre fin à plus d’une décennie d’accrochages politico-ethniques. La Côte d’Ivoire, notre cher beau pays en a besoin. Alpha Blondy, Koné Seydou de son vrai nom l’a tellement compris qu’il semble vouloir emmener les ivoiriens à la paix, à y contribuer. L’acte, si sincère de l’artiste devrait être salué et même bénéficier d’appuis. Cependant, nous avons des doutes sur la capacité d’Alpha Blondy à réussir son action, celle de réconciliation, de remettre les enfants de Nanan, de la Côte d’Ivoire ensemble. Les raisons de nos doutes sur sa capacité, se trouvent dans la manière dont Alpha Blondy a choisit pour mener son combat. Sa réconciliation. Apres avoir pris notre temps pour écouter l’artiste depuis quelques temps d’ailleurs car toute proposition de réconcilier les enfants de notre pays doit être prise au sérieux et avec intérêt, Jagger sonne tout faux dans son action. Du moins c’est ce qui ressort de la relecture de ses discours et actes. Trop partisan à nos yeux. Contre son gré peut être Alpha Blondy sonne comme l’inespéré avocat de son grand frère Laurent Gbagbo et de son jeune frère Blé Goude dans une dernière manœuvre qui ferait pencher les sentiments en leurs faveurs. Cependant, le fossé est très grand entre le rêve d’Alpha qui est de voir libérer ses deux amis à la réalité qui est de soulager des milliers de familles encore sous le choc de cette inoubliable barbarie, leur dire la vérité sur pourquoi leurs enfants, frères, sœurs, mères ont été blessés, mutilés ou tués. Bref, trouver les mots justes pour penser leurs plaies et celles de la nation. Les amis d’Alpha Blondy ont trop fait couler du sang innocent dans leur course au pouvoir pour que les choses se passent aussi simplement comme dans une chanson fut elle écrite par Alpha Blondy.  

 On dit chez nous quand on veut réconcilier deux parties, il faut avoir la force de dire ce qui fâche et divise, avec tact bien sûr mais il faut le dire. Cela y va du crédit que l’on veut donner à notre action. La crise en Côte d’Ivoire n’a pas commencé avec l’emprisonnement de Gbagbo Laurent et Blé Goude à la Haye, en Hollande comme Alpha Blondy semble vouloir le laisser transparaitre. Le transfèrement de LG à la Haye a été l’aboutissement du combat politique, de son entêtement à vouloir usurper une victoire qui n’était pas sienne mais surtout d’avoir prémédité tout ce carnage que le pays a connu après les élections de 2010. Et donc, pour nous, c’est bel et bien la faute à  l’homme Gbagbo, qui a bien voulu, avancer en ayant milles mort à gauche comme à droite s’il se trouve aujourd’hui à passer ses vieux jours loin de Simone et de Mama. Nous ne disons pas que la mission est impossible mais nous disons que cette mission doit être dévolue à un homme ou une femme qui a le mot « vérité » en tous instants, tous faits et sur ses lèvres. Malheureusement Koné Seydou dit Alpha Blondy, que nous suivons depuis ses premières déclarations de vouloir sauver notre unité nationale de la déconfiture n’a pas le coffre pour ramener la joie entre les ivoiriens. En tout cas, dans sa compréhension actuelle de notre crise, nous sommes convaincus qu’il ne fera que pourrir la situation.

Voilà maintenant plus de cinq (5) ans que la crise postélectorale est finie. Jamais, sur les antennes ou de manière solitaire comme nous le voyons depuis peu, Alpha Blondy n’a eu le courage, parce qu’il en a et aura besoin, de dire aux pro-Gbagbo : vous n’auriez pas du « militariser » les élections de 2010. Jamais Alpha Blondy n’a fait de vidéos à Abobo, pour demander justice, réparations et réconciliation après le carnage laissé par les forces miliciennes et militaires de Gbagbo. Alpha Blondy, encore n’a jamais fait de concert à Abobo pour réconforter les cœurs meurtris de façon spontanée. Que représentent donc les militants du RHDP aux yeux d’Alpha Blondy ? De la chair à canon pour ses amis Laurent Gbagbo et Ble Goude qui contre tout bon sens avaient décidé d’user de la violence pour se maintenir au pouvoir? Mais où nous pensons qu’Alpha Blondy ne pourra jamais contribuer au débat sur la réconciliation nationale, s’il reste dans cette logique partisane, c’est sa méconnaissance de la crise post électorale e 2010. Il a besoin de mieux s’informer. Rappelons-nous, la crise post électorale avait trouvé le reggae man national loin des terres natales. Loin, bien au chaud. Entre interviews et promotion de son album sorti à la même date entremêlée de concerts juteux. De quoi ne pas se soucier des événements au jour le jour qui avaient lieu dans son pays bien aimé. Une autre importante nuance à faire est de savoir  que Gbagbo n’est pas à la Haye pour avoir été rival politique à Alassane Ouattara. Mais plutôt pour avoir planifié, pensé et exécuté un plan visant à exterminer les partisans politiques de l’actuel président. Plus grave, à vouloir éliminer une frange de la population qui ne lui avait pas accordé leurs voix, leurs faveurs. Alpha Blondy, en l’écoutant nous permet de savoir qu’il ne sait pas les raisons de la présence des deux ivoiriens qu’il cite à la cour pénale internationale. Jagger, non. Nous disons que Laurent Gbagbo n’est pas à la CPI parce qu’il était candidat en 2010 mais qu’il est à la CPI pour avoir tenté de bruler un pays, le sien pour sa folie du pouvoir que tu dénonces si bien dans tes chansons en fonction de tes intérêts. En quoi donc le retour du bandit capturé peut il donner de la saveur au film tirant à sa fin? Toi l’adepte des salles de cinéma dans ta jeunesse mouvementée doit savoir que c’est le signe de la fin. Et surtout d’un bandit, bien que vaincu qui continue dans sa défiance.

Si tu veux aller voir tes amis à la Haye, ce qui est ton droit, faut le dire et le faire en toute paix intérieure. Tu ne seras ni le premier voir le dernier à aller voir Koudou. On le sait, il a été très large financièrement avec bon nombre d’entre vous. De toutes les façons, comme Sam Jichi et bien d’autres, nous sommes convaincus que tu pouvais librement te porter témoins en faveur de Laurent Gbagbo lors de ce procès, apporter ton témoignage en sa faveur puisque selon toi c’est lui la victime. Grand frère, personne ne t’en voudrait pour ça. Même pas ceux avec qui tu partages la même langue que tu as honte de défendre, toi le père de la charte du nord (l’accusation vient du journal de Laurent Gbagbo, pas de nous).

La libération de Gbagbo au détriment de la justice, que nous ne voyons pas comme une priorité, mais plutôt le bon déroulement de son procès, n’est pas le sésame pour ramener la paix en Côte d’Ivoire. Cela aurait été la solution si ces suiveurs au pays et à travers le monde avaient adopté une posture de paix, de négociations et de dialogue. Si parce que Gbagbo est en prison nous devons avoir honte, selon les propos de  Blondy, alors pourquoi ne pas mourir face à la destruction en vie humaine dont a été fautif Gbagbo ? La libération de Laurent Gbagbo pour nous sera l’aboutissement du processus de réconciliation et non son départ.

Alpha Blondy oublie ou fait semblant d’oublier que le président Ouattara lors de la crise post électorale de 2010 avait proposé à plus de trois fois à Laurent Gbagbo de faire la paix en lui garantissant une sortie honorable à lui, à sa famille et à ses alliés. Le président Ouattara a été le premier  des ivoiriens donc a aidé Laurent Gbagbo dans le sens qu’il fallait éviter son transfèrement en lui permettant de préserver son status d’ancien chef d’état. Alassane Ouattara, à vrai dire a volé à son secours. Ce fut sa première grande décision. C’est LG lui-même qui a craché sur la main tendue par le nouveau président. Qu’il fasse preuve de courage et affronte les conséquences de sa politique brutale et violente. Quelle est donc la responsabilité de Gbagbo Laurent, ses militants et alliés s’ils refusent la paix, continuent dans la défiance tout en se disant prêts pour un match retour ? Alassane Ouattara et la Côte d’Ivoire ne peuvent pas être tenus pour responsables là ou des personnes connus pour leur engagement politiques refusent la paix, refusent le dialogue. Seule la justice était et est l’alternative dans ce contexte de reniement des faits pourtant posés courageusement nous disait on.

Entre temps, qui dira aux populations victimes de la barbarie de Gbagbo et ses hommes, que pour la paix, il a été jugé que les morts causés par la méchanceté des pro-Gbagbo sont moins importants que l’air frais que devrait respirer les auteurs de tant de massacres jamais vécus dans notre pays. Gbagbo est bel et bien responsable de tout ce qui est arrivé en 2011. Toutefois, il a une chance inespérée de prouver son innocence à travers le procès en cours. Aucune autre alternative ne peut aider à souder le tissu social que le procès de Gbagbo Laurent et de Blé Goude aujourd’hui. On n’a besoin de savoir ce qui s’est passé dans notre pays. Qui a fait quoi et qui est responsable de toute cette tristesse afin de mieux demander pardon aux victimes afin d’apaiser leurs cœurs.

Alpha Blondy, lui a le temps d’aller en Hollande dans une tunique qui coûte des fortunes, sous une camera de star, narguer les victimes d’une crise encore frais dans les mémoires. Ce que Seydou Koné oublie c’est qu’en même temps, à Abobo par exemple, il y a des familles qui donneraient tout pour revoir leurs biens ainés. Oui, il se trouve des familles qui auraient aimé voir leurs enfants dans une prison comme Blé Goude, à qui ils pouvaient rendre visite. Ils auraient aimé qu’un homme comme Alpha Blondy demande leur mise en liberté pendant qu’on y est pour ne pas dire leur retour à la vie. Mais hélas, les balles assassines des hommes de Gbagbo, les amis d’Alpha Blondy, en ont jugé autrement.

Encore une fois,  il y a une alternative dans cette affaire qui demeure la vérité et rien d’autre. Les militants de Gbagbo et donc lui-même continuent de dire qu’ils sont innocents. Il est donc important que la justice fasse son travail à la Haye, suive son cours, dans un cadre équitable où les juges n’ont pas de compte à rendre à un gouvernement à l’affut dictant tout bout de phrases. Gbagbo et Blé Goude devraient remercier Ouattara de ne les avoir pas envoyé quelques pieds sous terre comme eux même avaient le plaisir de le faire de 2000 à 2010 à tous ceux qui osaient lever le ton contre la refondation ; le remercier surtout pour leur avoir donné une tribune internationale pour s’innocenter. Quelle passe à l’adversaire comme on le dit dans le langage ivoirien. Alpha Blondy a donc peur de quoi ?

Il faut le dire et insister sur ce fait. La réconciliation nationale n’est pas un jeu fait pour équilibriste. Qui croit qu’en étant ami aux deux camps l’on paraitrait juste aux yeux de tous. Dans le cas Blondy, il est plutôt l’ami d’un bord, celui de Gbagbo contre des milliers d’Ivoiriens qui espèrent de ce procès que la vérité de notre mésaventure de 2011 soit sue. La réconciliation n’est pas d’accuser X ou Y, en fonction de la tendance pour satisfaire les deux camps.  Surtout  pas de dire : tu as raison, lui aussi. Tu as tort, lui aussi. Plus important, c’est avoir la capacité de dire sans état d’âme qui est responsable de ce que nous avons vécu. Et avec les appels du pied d’Alpha Blondy, nous nous rendons compte que le transfert était la solution idéale. Loin de l’émotion. Loin des susceptibilités. Loin des immixtions dans les affaires de justice, ou le nom du juge allait compter, son village aussi. Ou la vie de ce juge ainsi que de ces parents, amis et enfants allait devenir un souci national. Oui, nous sommes convaincus, avec les agissements de la méga-star mondiale du reggae, Alpha Blondy, qu’il ne se trouverait aucun ivoirien dans notre système politique, judiciaire et de la société civile, qui pourrait dire la vérité à la face de la nation. En fait, Alpha Blondy n’a pas bien compris ce que représente la réconciliation, ses enjeux et la nécessité d’aboutir à une résolution autre que politique de ce problème. Pour lui, c’est de voir ses amis en liberté qui est le fondement de réconciliation. Pour lui bien sûr sous un angle égoïste surtout et bien calculé. Nous, nous disons que la mise en liberté de ses chers amis serait l’accomplissement du processus de réconciliation, la reconnaissance des torts causés.

Il faut insister auprès de Blondy pour qu’il comprenne que la réconciliation est trop sensible pour en faire de la sinécure. La réconciliation et son possible échec peuvent l’emporter lui-même parce que ce sont des années de douleurs cristallisées avec lesquels il s’amuse (nous le pensons). Un équilibriste doublé d’un partisan  ne peut réconcilier les ivoiriens. Nous sommes convaincus qu’Alpha Blondy doit être sérieux envers lui-même, avec son engagement dans ce processus de réconciliation, se faire entourer par des personnes avec qui la mise en place d’une méthodologie inclusive pourrait être discutée. Une vidéo à la Haye n’est pas un acte de paix mais une action partisane qui plus est aura fini de convaincre les plus pessimistes qu’Alpha Blondy ne pourra jamais réconcilier les ivoiriens. Si l’objectif était de retrouver les manifestants de la Haye de façon ouverte, ses amis, Alpha Blondy ne se serait pas mal pris.

La rédaction

Lementor.net

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