Par La Rédaction
Le temps passe… et le géant dort toujours. L’Africa Sports d’Abidjan, monument du football ivoirien et deuxième club le plus titré du pays, s’apprête à vivre sa quatrième saison consécutive en Ligue 2. Une anomalie pour ce club fondé en 1947, aux 18 titres de champion, 20 Coupes nationales, deux sacres continentaux et une rivalité historique avec l’ASEC Mimosas qui a fait vibrer des générations.
Mais aujourd’hui, le vert et rouge n’effraie plus personne. Pire : il fait presque pitié. Depuis sa relégation en 2021, le club semble englué dans un cycle d’échecs répétés, entre changements de direction, crises financières, manque de cohésion, et silence assourdissant des anciens.
Un club à la dérive
Comment expliquer ce naufrage prolongé ? D’abord, par un déficit structurel. L’Africa Sports ne dispose plus d’un centre de formation compétitif ni de ressources stables. Les partenariats privés sont rares, les installations vétustes, et l’organigramme du club ressemble davantage à un champ de bataille qu’à une institution moderne. À cela s’ajoutent les changements à la tête du club, souvent motivés par des intérêts personnels plutôt que par un projet sportif cohérent.
Sur le terrain, le constat est tout aussi amer. Des effectifs instables, des recrutements douteux, un manque cruel d’ambition, et des entraîneurs qui passent sans jamais convaincre. Le jeu proposé est loin de ce que le public bassamois ou abidjanais a connu à l’époque des Kouamé Ali, Kipré Tchetché ou encore Yssouf Koné. La descente n’est plus seulement sportive, elle est aussi morale.
Manque de vision ou nostalgie paralysante ?
Il est tentant de croire que l’Africa Sports est victime de la nostalgie de sa propre grandeur. Pendant que des clubs comme l’ASEC, le Racing Club d’Abidjan ou même San Pedro investissent, innovent et se structurent, l’Africa semble figé dans les souvenirs du passé. On parle encore des derbys de feu au stade Houphouët-Boigny, mais le présent se joue devant des tribunes clairsemées de Ligue 2.
La vision à long terme fait défaut. Aucun projet académique crédible. Aucune vraie politique de communication. Aucune volonté affichée de se remettre en question en profondeur. La maison verte et rouge ne semble ni écouter ses supporteurs, ni mobiliser ses anciens, encore moins inspirer une nouvelle génération.
Des solutions encore possibles
Et pourtant, tout n’est pas perdu. Le nom Africa Sports continue de résonner. Le club a encore une base populaire solide, un logo chargé d’histoire, et un potentiel commercial certain si les bonnes personnes s’en emparent avec méthode. Des anciens joueurs, des entrepreneurs, des mécènes pourraient bâtir un plan de relance sur cinq ans, en s’appuyant sur la marque, la formation, le numérique et la rigueur.
Mais cela suppose de tourner la page de l’amateurisme, de régler les querelles intestines, et d’arrêter de colmater les brèches. Il est temps de reconstruire. Pas pour revivre les années 1980, mais pour écrire une nouvelle page du football ivoirien avec sérieux, passion et stratégie.
Car un pays sans son Africa Sports au sommet est un football amputé d’une partie de son âme.
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