Par La Rédaction – Jean Pierre Assa
C’était un appel solennel, prononcé sur les bords de la lagune Ébrié, mais destiné au monde entier. Antonio Luis Santos Da Costa, président du Conseil européen et ancien Premier ministre du Portugal, était à Abidjan ce 22 mai 2025, pour recevoir le prestigieux Prix Félix Houphouët-Boigny-Unesco pour la recherche de la paix. À la tribune du Sofitel Hôtel Ivoire, il n’a pas seulement remercié : il a posé une vision.
Un plaidoyer pour un nouvel humanisme international
Face à un parterre de dirigeants africains, d’intellectuels et de représentants d’institutions internationales, Antonio Da Costa a lancé un appel fort : bâtir une alliance renouvelée entre l’Afrique et l’Europe, fondée non pas sur l’histoire, mais sur la justice, la coopération équilibrée, et la paix. Une réponse, selon lui, à un monde fracturé par les guerres, les inégalités et les replis identitaires.
Rendant hommage à Félix Houphouët-Boigny, qu’il a cité comme “père de la paix africaine”, Da Costa a rappelé que « la paix n’est pas un vain mot, c’est un comportement ». Un comportement, dit-il, qui doit se traduire par des réformes concrètes : élargissement du Conseil de sécurité de l’ONU, voix accrue de l’Afrique dans les institutions financières mondiales, fin des injustices géopolitiques.
Gaza, RDC, Soudan : silence coupable et double standard
Dans un discours empreint de gravité, le dirigeant européen a fustigé les “standards à géométrie variable” de la communauté internationale face aux crises : Gaza, Soudan, République démocratique du Congo… Autant de tragédies humaines souvent reléguées en bas des priorités diplomatiques. À ses côtés, le docteur Denis Mukwege, président du jury et Prix Nobel de la paix, a dénoncé sans détour « l’indifférence qui tue ». Le ton était grave, le message clair.
Une reconnaissance au-delà des continents
L’édition 2024 du prix ne s’est pas arrêtée à l’Europe et à l’Afrique. La Fondation latino-américaine Azúcar, engagée depuis plus de trente ans auprès des communautés afro-descendantes, a reçu un Prix spécial du jury. Sa directrice, Sonia Viveros, y a vu une chance de rétablir les liens entre les descendants d’Afrique et les diasporas d’Amérique, toujours marqués par les blessures de la traite négrière.
La Directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay, a salué la Côte d’Ivoire comme “terre d’accueil d’une paix à vocation mondiale”. Elle a reçu, à cette occasion, la distinction de Commandeur de l’Ordre national ivoirien, des mains du Grand Chancelier Ally Coulibaly.
Le legs de Houphouët, plus vivant que jamais
Le Prix Félix Houphouët-Boigny, né à Yamoussoukro mais devenu mondial, a cette année encore montré qu’il pouvait être une tribune pour les voix qui refusent l’indifférence, l’exclusion et l’injustice. À travers Antonio Da Costa, ce sont les valeurs du dialogue, du respect mutuel et de la réforme équitable des institutions internationales qui ont été portées haut.
En Côte d’Ivoire, terre de paix au cœur de l’Afrique de l’Ouest, le message résonne avec force. Car dans un monde qui doute, le dialogue entre les peuples reste la seule route durable.
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