Par AN | Lementor.net
Trois ans après son retour sur la scène politique ivoirienne, Charles Blé Goudé rompt enfin le silence. L’ex-leader des Jeunes Patriotes a livré, lundi 24 novembre, sur le plateau de La Quotidienne Info (NCI), une version inédite de la dégradation de sa relation avec Laurent Gbagbo, figure tutélaire de son parcours politique.
Longtemps resté discret sur un dossier qu’il qualifie lui-même de « sensible », Blé Goudé affirme aujourd’hui vouloir se protéger contre ce qu’il considère comme une campagne orchestrée pour l’isoler : « Si je parle aujourd’hui, c’est parce que mon silence peut finir par me nuire », lance-t-il.
Une rupture qui prend racine à la CPI
Selon son récit, l’origine de cette brouille remonterait à la période de leur détention commune à La Haye. Il évoque une mission que l’ancien président lui aurait confiée concernant un bâtiment utilisé comme siège du FPI. Laurent Gbagbo lui aurait expliqué que la maison appartenait à Nady Bamba, dont la colère aurait nécessité une intervention auprès de Pascal Affi N’Guessan.
Blé Goudé assure avoir contacté Affi N’Guessan pour obtenir la restitution du bâtiment. « Je lui ai demandé de le faire pour préserver la santé morale du président », raconte-t-il. Après des hésitations, la maison aurait effectivement été rétrocédée.
C’est à la suite de cet épisode, dit-il, que Nady Bamba lui aurait fait une proposition jugée troublante : « Si je vends la maison, je te donnerai ta part ». Il explique avoir décliné et mis en garde contre « les problèmes extérieurs qui finissent par retomber en prison ».
Une “mise à distance” organisée ?
Pour Blé Goudé, cet échange aurait été déformé et utilisé pour l’éloigner progressivement de Gbagbo. Il accuse clairement certains proches de l’ex-chef d’État, notamment Nady Bamba et Stéphane Kipré, d’avoir alimenté un récit destiné à le présenter comme un rival.
« Le même groupe qui défie aujourd’hui les consignes de Gbagbo en allant aux législatives, c’est ce groupe-là qui a œuvré pour nous diviser », affirme-t-il. Il estime même que la gauche ivoirienne serait infiltrée : « Lida Kouassi, Koné Boubakar, Damana Pickass sont incarcérés. Tous ceux de notre camp sont en prison, tandis que le conglomérat de l’UNG est dehors. »
Un accès verrouillé à Laurent Gbagbo ?
Si Blé Goudé affirme que Gbagbo ne lui a jamais refusé une rencontre, il déplore en revanche l’impossibilité d’y parvenir malgré l’intervention de religieux, de chefs traditionnels et de responsables politiques.
Il révèle aussi un message qu’un ancien collaborateur lui aurait relayé, attribué à Nady Bamba :
« Dis à Blé Goudé que tant que je suis en vie, il ne verra plus Laurent Gbagbo. S’il veut l’entendre, ce sera à la radio. »
L’ancien ministre de la Jeunesse décrit un « couloir verrouillé » autour de Gbagbo, contrôlé par un cercle très restreint.
Un appel à la réconciliation
Malgré ses accusations, Charles Blé Goudé assure tendre la main :
« Je demande pardon au président Gbagbo si, sans le savoir, j’ai pu le blesser. Il reste mon père. Je pense avoir encore beaucoup à lui apporter. Mettons-nous au-dessus de tout cela », implore-t-il, appelant à la décrispation.
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