Par Jean Pierre Assa
Le 30 juillet 2025, la ville de Bouna, au nord-est de la Côte d’Ivoire, accueillera officiellement la Coordination nationale des utilisateurs des ressources naturelles du bassin de la Volta (CNU). Cette nouvelle structure marque une étape importante dans le renforcement de la gouvernance environnementale du pays. Dans une région où l’accès aux ressources naturelles est à la fois vital et conflictuel, la création de ce cadre participatif vise à faire émerger une gestion concertée, équitable et durable du bassin fluvial. Le bassin de la Volta, partagé par six pays d’Afrique de l’Ouest – Côte d’Ivoire, Ghana, Burkina Faso, Togo, Bénin et Mali – constitue un enjeu stratégique pour les activités agricoles, pastorales, halieutiques et domestiques. En Côte d’Ivoire, notamment dans les zones nord et nord-est, les populations locales dépendent largement de cette ressource hydrique pour leur subsistance et leur développement.
Face aux menaces de plus en plus pressantes que sont la déforestation, la pollution des eaux, la dégradation des terres et la pression démographique, l’État ivoirien, en partenariat avec le Partenariat mondial de l’eau (GWP-AO) et l’Autorité du Bassin de la Volta, a décidé d’instaurer un mécanisme de gouvernance inclusif. La Coordination nationale regroupera les différents acteurs de terrain, notamment les agriculteurs, pêcheurs, éleveurs, femmes, jeunes, représentants des collectivités locales, ONG et autorités administratives. L’objectif est clair : permettre à ceux qui vivent au quotidien les réalités du bassin de contribuer directement aux décisions qui affectent sa gestion. Cette approche décentralisée et participative rompt avec les logiques descendantes habituelles et reconnaît l’expertise des usagers locaux en matière de préservation des ressources naturelles.
L’installation de la CNU intervient dans un contexte régional tendu, marqué par l’intensification des phénomènes climatiques extrêmes, la raréfaction de l’eau et la multiplication des conflits liés à l’usage des terres et des cours d’eau. Elle apparaît comme un levier pour renforcer la résilience des écosystèmes et des communautés riveraines, tout en consolidant la coopération transfrontalière entre les pays du bassin. Le choix de Bouna, symbole de diversité et de coexistence intercommunautaire, renforce la portée politique et sociale de cette initiative. Il s’agit non seulement de gérer une ressource naturelle, mais aussi de bâtir un modèle de gouvernance environnementale au service de la paix, du développement local et de la souveraineté territoriale.
L’événement du 30 juillet, qui réunira représentants de l’État, partenaires techniques et populations locales, sera bien plus qu’une simple cérémonie d’installation. Il posera les fondations d’une nouvelle vision pour la Côte d’Ivoire : celle d’un pays résolument tourné vers une gestion durable, inclusive et anticipatrice de ses ressources naturelles. En pariant sur la responsabilité collective et l’intelligence territoriale, la Côte d’Ivoire donne un exemple concret de ce que peut être une gouvernance environnementale moderne et enracinée.
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