Par Jean Pierre Assa
Les marchés internationaux du cacao connaissent une nouvelle flambée, dopée par un recul significatif des exportations ivoiriennes. Ce lundi 22 juillet 2025, les cours ont bondi de +4,56 % à la Bourse de New York et de +3,80 % à Londres, conséquence directe de l’inquiétude des opérateurs face à l’approvisionnement mondial. La Côte d’Ivoire, premier producteur mondial, voit ses volumes expédiés chuter pour le troisième mois consécutif, selon les dernières données des douanes et des maisons de négoce.
Cette situation s’explique par un ensemble de facteurs conjoncturels et structurels. Les intempéries enregistrées au premier trimestre ont affecté la floraison des cacaoyers, tandis que les tensions logistiques dans les ports ivoiriens, combinées à une grève partielle des transporteurs, ont ralenti les chaînes d’exportation. À cela s’ajoutent des difficultés croissantes chez les planteurs, confrontés à la hausse des prix des intrants agricoles, à l’insécurité foncière persistante dans certaines zones rurales, et à un manque d’incitations concrètes malgré les promesses de revalorisation faites par l’État. Le ralentissement de l’offre ivoirienne survient dans un contexte déjà tendu, marqué par une demande mondiale soutenue, notamment en Europe et en Asie, où les grands industriels anticipent une pression inflationniste durable sur les matières premières agricoles.
La réaction des marchés ne s’est pas fait attendre. Les spéculateurs ont relancé les achats, voyant dans cette contraction de l’offre ivoirienne une opportunité haussière. Or, une hausse prolongée des cours pourrait impacter les chaînes de valeur, avec des répercussions sur les prix au détail du chocolat dans les mois à venir. Si certains acteurs saluent cette dynamique favorable aux revenus agricoles, d’autres mettent en garde contre un effet boomerang : une volatilité trop forte pourrait déstabiliser les programmes de certification, les contrats à long terme et les équilibres socio-économiques dans les régions productrices.
À l’échelle nationale, cette poussée des prix pourrait offrir un répit budgétaire à l’État ivoirien, qui tire une partie importante de ses recettes fiscales de l’exportation du cacao. Mais cette manne reste fragile. Pour la consolider, les experts plaident en faveur d’investissements accrus dans la transformation locale, d’un soutien renforcé aux coopératives paysannes, et d’une stratégie climatique cohérente pour rendre la filière plus résiliente. Car si la Côte d’Ivoire reste un pilier du marché mondial, sa dépendance excessive à une matière première aussi capricieuse rend l’économie nationale vulnérable aux chocs extérieurs.
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