Le gouvernement ivoirien, sous la direction du président Alassane Ouattara, a annoncé une réforme majeure dans le secteur du cacao, principal moteur de l’économie nationale. Les multinationales qui possèdent des usines de transformation de fèves de cacao en Côte d’Ivoire ne bénéficieront plus des exonérations fiscales sur le droit unique de sortie (DUS), une taxe clé sur les exportations.
Cette mesure, qui marque une rupture avec les politiques fiscales précédentes, vise à augmenter les recettes de l’État tout en rééquilibrant les rapports de force entre le pays et les grands groupes internationaux opérant localement.
Le DUS, principal levier fiscal du gouvernement sur le cacao, représente une part importante des revenus publics. Jusqu’à présent, les multinationales disposant d’unités de transformation locales bénéficiaient d’exonérations fiscales leur permettant d’exporter les fèves transformées sans payer cette taxe. Une stratégie qui visait à encourager l’industrialisation du secteur et à créer de la valeur ajoutée localement.
Cependant, selon les autorités ivoiriennes, cet avantage fiscal ne s’est pas traduit par des bénéfices significatifs pour l’économie nationale. Le ministre de l’Économie et des Finances, Adama Coulibaly, a déclaré : « Les exonérations ont profité principalement aux multinationales, sans impact proportionnel sur l’emploi local ni sur la valeur ajoutée réelle pour le pays. »
La réforme s’inscrit également dans un contexte où les pays producteurs de cacao en Afrique de l’Ouest, notamment la Côte d’Ivoire et le Ghana, cherchent à renforcer leur pouvoir dans la chaîne de valeur du cacao. Ces deux géants, qui représentent ensemble plus de 60 % de la production mondiale, ont récemment intensifié leurs efforts pour imposer un prix plancher et exiger une prime de développement durable auprès des acheteurs internationaux.
Avec cette mesure, la Côte d’Ivoire veut signifier aux traders et aux industriels du cacao que les règles du jeu changent : « Le modèle dans lequel nos ressources brutes sont exportées à bas prix pour enrichir les autres doit évoluer », a affirmé une source proche de la présidence.
Les multinationales concernées, parmi lesquelles des géants comme Barry Callebaut, Cargill ou Olam, pourraient voir leurs coûts opérationnels augmenter. Certains acteurs de l’industrie redoutent que cette décision n’affecte leurs marges et, à terme, la compétitivité de leurs usines locales face à celles d’autres pays.
En revanche, les producteurs locaux et les organisations de la société civile saluent cette réforme. « C’est une avancée vers une meilleure justice économique. Les ressources générées doivent bénéficier à l’ensemble de la population et non à une poignée d’entreprises étrangères », a commenté Moussa Konaté, président d’une coopérative de producteurs.
La suppression des exonérations fiscales pourrait ouvrir une nouvelle ère pour la gestion du cacao en Côte d’Ivoire. Si la mesure est bien accueillie par les acteurs locaux, son succès dépendra de la capacité de l’État à réinvestir les recettes générées dans le secteur agricole et dans des infrastructures pour améliorer la productivité des petits producteurs, véritables piliers de l’industrie cacaoyère.
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