Par AN | Lementor.net
La CEDEAO, doyenne des organisations régionales africaines, a traversé en 2025 une année dense marquée par une activité exceptionnelle de ses institutions communautaires. Entre pressions juridiques, défis sanitaires, lutte contre les crimes financiers et enjeux économiques, l’ensemble de ses organes a fonctionné à un rythme soutenu dans un contexte régional secoué par de multiples crises.
La Cour de justice a été particulièrement sollicitée avec 79 sessions tenues et 45 décisions rendues, dont 42 jugements. Le Greffe a traité près de 300 documents juridiques tandis que plus de 1 100 services hybrides ont été assurés pour faciliter les procédures dans une région où les contraintes logistiques restent fortes. L’institution a mené d’importantes actions de sensibilisation, notamment à Lagos où une campagne de proximité a permis de traiter 52 affaires et d’expliquer davantage aux citoyens le rôle et les compétences de la Cour. La question de l’exécution des arrêts, souvent lente ou incomplète, reste une préoccupation centrale ; une réunion inaugurale des Autorités nationales compétentes a été tenue pour rappeler les procédures et renforcer la crédibilité des décisions judiciaires communautaires.
Sur le plan sanitaire, la situation s’est nettement dégradée. L’Organisation ouest-africaine de la santé (OOAS) a signalé quatre millions de nouveaux cas de paludisme, en hausse de 17 %, une augmentation de 29,4 % des cas de rougeole et une flambée de 152 % du choléra. Les États membres ont réagi en adoptant une nouvelle politique régionale de santé communautaire fondée sur la gouvernance locale, l’inclusion financière, l’harmonisation des services et la digitalisation du système d’information. L’OOAS a déployé 30 ambulances médicalisées, formé 55 agents à la plateforme ePHEM, conduit un exercice régional sur la variole et livré près de 10 millions de dollars d’équipements de laboratoire. La collaboration avec le CEPI s’est renforcée pour anticiper plus efficacement les prochaines crises sanitaires.
Le GIABA a poursuivi la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. La participation du Nigéria à la plénière du GAFI, dans le cadre de l’Initiative d’invitation, a marqué une avancée notable, tandis que le Burkina Faso et le Nigéria ont été retirés de la liste grise après avoir mis en œuvre leurs plans d’action. Le lancement de la troisième série d’évaluations mutuelles, axée sur l’efficacité réelle des mesures, annonce une année 2026 décisive avec des missions prévues au Ghana, au Sénégal et au Bénin.
Sur le terrain financier, la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO a poursuivi ses décaissements, atteignant 429,27 millions de dollars à fin septembre 2025, soit 86 % de ses objectifs annuels. Le secteur privé a reçu 143,46 millions, contre 285,82 millions pour le public. La situation reste toutefois fragile en raison du retrait des pays de l’Alliance des États du Sahel de l’organisation. La BIDC est exposée à hauteur de 280 millions de dollars dans ces États, tandis que des projets d’une valeur supérieure à 230 millions sont suspendus. Lors d’un Conseil extraordinaire à Accra, les pays concernés ont exprimé leur volonté de rester actionnaires et de maintenir leurs engagements. La décision de poursuivre la coopération a été validée par la BIDC dans l’attente de l’approbation des chefs d’État.
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