La question de la légalité de la candidature d’Alassane Ouattara lors de l’élection présidentielle de 2010 en Côte d’Ivoire est redevenue un sujet de débat récurrent, notamment après les récentes déclarations du ministre Mamadou Touré, porte-parole adjoint du RHDP. Il a évoqué la notion d’arrangements politiques en 2010, insinuant que des compromis avaient été faits pour permettre à tout le monde d’être candidat, et critiquant les propositions de l’opposition visant à rendre certains candidats éligibles sous prétexte d’inclusivité. Cette position, bien qu’honorant les principes d’une démocratie ordonnée, omet une part essentielle de la vérité juridique et constitutionnelle.
Il convient de remettre en perspective le cadre juridique de 2010 et les décisions du Conseil Constitutionnel pour éclairer cette question.
Tout d’abord, il faut souligner que la Constitution ivoirienne de 2000 n’a pas seulement permis au président Ouattara de se présenter, elle l’a explicitement déclaré éligible.
En effet, le Conseil Constitutionnel, autorité suprême en matière d’interprétation de la Constitution, a validé la candidature de Ouattara sur la base de cette même Constitution et après avoir pris en compte l’ensemble des dossiers. Cette décision a été prise dans un cadre juridique parfaitement transparent et conforme aux normes en vigueur à ce moment-là.
La mention d’arrangements en 2010, comme l’a fait Mamadou Touré, semble se référer à une lecture trop simplifiée des événements de cette époque. Il est vrai que la crise post-électorale de 2010, tragique et violente, a été un tournant douloureux dans l’histoire politique de notre pays. Toutefois, attribuer cette crise uniquement aux accords de Marcoussis de 2003, tout en ignorant les réalités de la Constitution de 2000 et du rôle du Conseil Constitutionnel, c’est faire l’impasse sur les bases juridiques sur lesquelles Ouattara a légitimement posé sa candidature.
La Constitution de 2000 n’avait pas édicté de restriction à une éventuelle candidature du président Ouattara, et c’est bien cette Constitution, approuvée par référendum et promulguée par le général Robert Guei en 2000, qui régissait le jeu politique à ce moment-là.
Il est crucial de rappeler que le verrouillage de la justice, qui a empêché plusieurs avancées démocratiques pendant une période prolongée, n’a fait qu’aggraver la situation.
Heureusement, depuis quelques années, la justice ivoirienne a progressivement retrouvé son indépendance, permettant ainsi une clarification des positions et la réaffirmation des principes démocratiques fondamentaux. Ce n’est pas un hasard si, après des années d’immobilisme, nous avons assisté à une normalisation du jeu politique.
Ce chemin vers une démocratie véritable s’est trouvé facilité par des décisions judicieuses, basées sur la constitutionnalité et le respect des règles du jeu démocratique.
Quant aux propos de Mamadou Touré, il convient de rappeler que la démocratie n’est pas un processus figé. Elle repose sur des principes d’inclusivité, de transparence et, surtout, de respect des règles établies.
Le respect des règles d’éligibilité, telles qu’elles sont énoncées dans la Constitution de novembre 2016, reste la seule garantie de la paix et de la stabilité, sans pour autant succomber à des compromis qui ont trop souvent servi à la confusion et à la violence par le passé.
En conclusion, la position selon laquelle Alassane Ouattara a été candidat en toute légitimité en 2010, conformément à la Constitution, est non seulement défendable, mais elle est fondée sur des bases solides et incontestables.
Toute tentative de minimiser les événements de 2010, en particulier les décisions du Conseil Constitutionnel, revient à dénaturer la vérité juridique au profit d’une vision partisane et incomplète de notre histoire politique.
Ce qui importe aujourd’hui, c’est d’aller de l’avant, en respectant les règles démocratiques, et en permettant à la justice de jouer son rôle pour garantir une stabilité politique durable.
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