Par Jean Pierre Assa
La scène politique ivoirienne s’apprête à vivre un moment charnière : le 31 mai prochain, la commune populaire de Yopougon sera le théâtre d’un grand rassemblement initié par la « Coalition pour l’Alternance Pacifique » (CAP), une plateforme qui regroupe plusieurs partis d’opposition, dont le COJEP de Charles Blé Goudé, des mouvements citoyens émergents et d’anciens cadres issus des partis traditionnels. Cette initiative, qui ambitionne de proposer une voie alternative au pouvoir actuel, marque une nouvelle dynamique dans le paysage politique à l’approche du scrutin présidentiel d’octobre 2025.
Le rassemblement prévu à la place Ficgayo est annoncé comme un temps fort de mobilisation populaire et d’expression démocratique. À travers des prises de parole, des prestations artistiques engagées et la lecture publique d’un manifeste, les organisateurs entendent présenter leur « plateforme programmatique » fondée sur trois piliers : la paix durable, la refondation institutionnelle et la justice sociale. « Nous voulons montrer qu’une autre gouvernance est possible, apaisée, participative et portée par les valeurs républicaines », explique Drissa Doumbia, coordinateur national de la CAP.
L’événement du 31 mai se veut aussi une démonstration de force face aux accusations de fragmentation souvent adressées à l’opposition. En effet, depuis plusieurs mois, les initiatives politiques sont souvent restées cloisonnées, peinant à produire une offre commune. Avec cette coalition, les initiateurs cherchent à surmonter les clivages idéologiques et générationnels, en fédérant aussi bien des partis expérimentés que des mouvements issus de la société civile, des syndicats et des organisations de jeunes.
Dans les coulisses, des figures emblématiques telles que Charles Blé Goudé, l’universitaire Danielle Kassi, l’ex-ministre Michel Gbaoré et la militante féministe Cécile Kouadio devraient s’exprimer, avec des messages de convergence et un appel à une transition politique non violente. Le choix de Yopougon, bastion électoral stratégique, n’est pas anodin : il s’agit d’un symbole fort de résistance populaire et de vote contestataire.
Cependant, les autorités observent cette mobilisation avec prudence. Le ministère de l’Intérieur a exigé des garanties sécuritaires strictes, et des unités de la police nationale seront déployées pour encadrer l’événement. La CEI, bien qu’extérieure à l’organisation, suit les discours et les programmes proposés, afin d’évaluer leur conformité avec la charte des partis en campagne préélectorale.
D’aucuns voient dans cette initiative un test grandeur nature pour les forces d’opposition : leur capacité à mobiliser sans heurts, à tenir un discours constructif et à proposer un programme crédible pourraient influer significativement sur le climat préélectoral. Si le rassemblement réussit, il pourrait redonner espoir à une frange importante de la population en quête d’alternance et de renouveau politique.
La bataille pour 2025 ne se jouera pas uniquement dans les urnes, mais aussi dans la rue, dans les esprits et dans la capacité des acteurs politiques à répondre aux aspirations profondes des Ivoiriens. Le 31 mai pourrait bien en être un révélateur.
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