Par Izoudine Youssef | Lementor.net
La scène politique ivoirienne continue de s’animer à l’approche du scrutin présidentiel du 25 octobre 2025. Ce mardi 16 septembre, le Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), dirigé par l’ancien président Laurent Gbagbo, a tenu une conférence de presse remarquée à son siège de Cocody. Le président exécutif du parti, Sébastien Dano Djédjé, a pris la parole pour réaffirmer la détermination de son mouvement à défendre la démocratie et la justice dans un contexte où la tension est palpable après la validation définitive des candidatures par le Conseil constitutionnel. S’appuyant sur l’article 21, point 3, de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, qui stipule que « la volonté du peuple est le fondement de l’autorité des pouvoirs publics », Dano Djédjé a martelé que la légitimité des institutions ne peut exister sans l’adhésion populaire, allant jusqu’à affirmer que « sans le peuple, il n’y a pas de pouvoir légitime ». Ce discours, à la fois juridique et politique, vise à replacer le citoyen au centre de la bataille électorale et à dénoncer ce que le parti considère comme des atteintes répétées à la souveraineté populaire depuis la radiation de Laurent Gbagbo des listes électorales en 2020.
Dans la perspective des semaines décisives à venir, le PPA-CI a annoncé, en concertation avec le PDCI-RDA, l’organisation d’une « grande action démocratique d’envergure » avant la fin du mois de septembre. Si les modalités exactes de cette mobilisation restent encore à préciser, le ton employé laisse entendre une action symbolique et fortement visible, destinée à marquer l’opinion nationale et internationale. Le choix d’un partenariat avec le PDCI traduit également une volonté stratégique : celle d’unir deux grandes forces de l’opposition pour donner plus de poids à leur contestation face au régime. La rhétorique employée, appelant à « se tenir debout pour la justice, pour la liberté et pour la Côte d’Ivoire », s’inscrit dans une tradition militante héritée des périodes de lutte contre l’exclusion politique et vise à galvaniser la base militante tout en attirant la sympathie de l’opinion.
Cette annonce s’inscrit dans un climat de crispation croissante. Plusieurs responsables du PPA-CI dénoncent depuis des semaines l’arrestation ou la disparition de dizaines de militants dans différentes villes du pays, ce qui alimente le discours d’une opposition muselée et injustement réprimée. En choisissant d’élever le niveau de mobilisation à travers une « action démocratique », le PPA-CI cherche à occuper le terrain, non seulement politique mais aussi symbolique, à un moment où l’arbitrage des urnes est perçu comme verrouillé par ses adversaires. La confrontation des stratégies entre majorité et opposition pourrait ainsi déterminer l’intensité de la campagne électorale dans les prochaines semaines.
Leave a comment