Par La Rédaction-Lementor.net
Alors qu’Abidjan vibrait au rythme d’une cérémonie d’investiture d’exception pour le quatrième mandat du président Alassane Ouattara, un autre événement, moins visible mais autrement plus symbolique, a marqué un tournant dans l’histoire économique du pays. Loin des caméras, les institutions de Bretton Woods ont, en quelques lignes, consacré ce que quinze années de réformes patientes et de transformation structurelle ont construit : la Côte d’Ivoire n’est plus une promesse africaine, elle en est désormais l’un des modèles.
Le FMI vient d’approuver coup sur coup trois revues majeures de ses programmes – FEC, MEDC et RSF – débloquant dans la foulée plus de 470 milliards FCFA, soit environ 720 millions de dollars. Une décision rarissime, presque inédite, qui traduit une confiance totale dans la gestion économique du pays. Dans son communiqué, l’institution n’a pas mâché ses mots : « performance économique remarquable », « résilience exceptionnelle », « avancées décisives » vers le statut d’économie à revenu intermédiaire supérieur. Autant de qualificatifs que peu de nations africaines peuvent revendiquer aujourd’hui.
Cette reconnaissance internationale s’appuie sur des résultats tangibles. Depuis 2012, la Côte d’Ivoire affiche l’une des croissances les plus soutenues du continent, avec une moyenne oscillant entre 7 et 8 %. L’inflation est contenue, la dette publique maîtrisée sous la barre symbolique des 60 % du PIB, et l’excédent commercial structurel dépasse désormais les 2 000 milliards FCFA. Ce ne sont pas des chiffres alignés pour flatter l’opinion : ils témoignent d’un basculement profond de l’économie ivoirienne vers une dynamique de création de valeur, d’industrialisation et de diversification.
Le cacao, pilier historique du pays, n’est plus exporté seulement à l’état brut. Près de 40 % des fèves sont aujourd’hui transformées localement, contre moins de 20 % il y a une décennie. L’industrie agroalimentaire se modernise, les zones industrielles de Yopougon, San Pedro ou Port-Bouët tournent à plein régime, et la Côte d’Ivoire s’impose comme premier producteur mondial de noix de cajou et troisième d’huile de palme. À cela s’ajoute l’essor du gisement pétrolier Baleine, devenu l’un des projets offshore les plus prometteurs d’Afrique, ainsi que des infrastructures parmi les plus modernes de la sous-région : ponts successifs sur la lagune, autoroutes neuves, port d’Abidjan transformé en plateforme logistique la plus performante d’Afrique de l’Ouest.
Ce succès, loin d’être un hasard, est le résultat de décisions parfois difficiles. Réformes fiscales, réduction progressive des subventions inefficaces, discipline budgétaire, lutte contre la corruption dans les douanes et les marchés publics, digitalisation de l’administration, ouverture maîtrisée aux investisseurs internationaux : une stratégie menée avec cohérence, même lorsque la rue grondait. Le mérite revient à un cap maintenu, sans relâche, depuis 2011.
Avec ce geste financier massif, le FMI et la Banque mondiale envoient un message puissant au continent. Ils montrent qu’un pays africain qui fait preuve de rigueur, de vision et de constance peut non seulement attirer des investissements colossaux, mais aussi devenir un partenaire crédible, écouté et respecté. La Côte d’Ivoire brise ainsi un discours fataliste selon lequel l’Afrique serait condamnée à quémander indéfiniment. Elle prouve qu’il est possible de bâtir une croissance solide, inclusive et porteuse d’espoir.
Reste à franchir la prochaine marche : rejoindre, durablement, le cercle des économies à revenu intermédiaire supérieur. Cela nécessitera de nouvelles ruptures : davantage de valeur ajoutée industrielle, une montée en compétences …
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