Par La Rédaction – Jean Pierre Assa
L’ennemi n’a pas de visage, mais il fait des ravages. Derrière chaque clavier, une menace potentielle. En Côte d’Ivoire, la cybercriminalité prend de l’ampleur, et les derniers chiffres publiés par les autorités sont sans appel : 12 100 dossiers traités en un an, pour un préjudice estimé à plus de 7 milliards de FCFA.
Ce chiffre vertigineux, révélé ce vendredi 23 mai 2025, met en lumière une explosion des escroqueries en ligne, des arnaques aux faux investissements, du phishing bancaire, mais aussi du piratage de comptes institutionnels et de données personnelles.
Des cybercriminels toujours plus ingénieux
Les modes opératoires évoluent rapidement. Fini les vieux courriers « d’héritage » envoyés par mail. Aujourd’hui, les cybercriminels utilisent des plateformes sociales, des messageries instantanées, des faux profils professionnels et des sites clonés. Leurs cibles ne sont plus uniquement les particuliers naïfs, mais aussi des PME, des collectivités locales et même des ambassades.
Le phénomène inquiète les autorités judiciaires, mais aussi les acteurs économiques. Certaines entreprises ont été contraintes de suspendre temporairement leurs activités en raison de ransomwares paralysants. Et selon les services de lutte contre la cybercriminalité, les pertes déclarées ne représentent que la partie visible de l’iceberg : beaucoup de victimes ne portent même pas plainte, par honte ou par méconnaissance.
Une réponse judiciaire, mais encore insuffisante
Face à cette menace numérique, la Plateforme de Lutte Contre la Cybercriminalité (PLCC), en partenariat avec la police scientifique et la justice, a multiplié les arrestations et démantelé plusieurs réseaux. Mais la sophistication des cyberattaques dépasse souvent les capacités humaines et matérielles disponibles.
Les autorités appellent donc à une coopération internationale accrue, à un renforcement des lois et à une formation systématique des agents, aussi bien dans les forces de l’ordre que dans l’administration publique.
Prévenir plutôt que subir
La clé reste toutefois la prévention, à tous les niveaux. Le gouvernement prépare actuellement un plan national de sensibilisation, axé sur la formation des jeunes, l’éducation numérique dans les écoles et la mise à jour régulière des outils informatiques dans les services publics.
Car dans un pays jeune, connecté, et à l’économie de plus en plus digitalisée, la cybersécurité n’est plus un luxe, mais une condition de souveraineté.
7 milliards de pertes. Des milliers de vies impactées. Et des criminels souvent invisibles. La guerre numérique se mène désormais dans les salons, les cafés Wi-Fi, les smartphones. Et si la Côte d’Ivoire veut gagner cette guerre, elle devra former ses citoyens autant que ses enquêteurs.
Leave a comment