Par AN | Lementor.net
Figure discrète mais respectée de la scène publique, Abdoulaye Yéro Baldé s’avance dans l’arène présidentielle guinéenne avec l’ambition de « réconcilier la Guinée avec elle-même ». Né le 20 mars 1965 à Gagnoa, en Côte d’Ivoire, l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique fait partie des neuf candidats retenus par la Cour suprême pour le scrutin du 28 décembre 2025.
Économiste de formation, technocrate dans l’âme, il se présente comme l’un des rares candidats à vouloir bâtir son projet politique sur la compétence, la rigueur et la transparence.
Un parcours entre finance internationale et gouvernance publique
Avant d’entrer en politique, Abdoulaye Yéro Baldé a parcouru un long chemin dans le monde de la finance et du développement international. Après des études supérieures en économie et gestion du développement, il intègre la Banque mondiale en 1996 où il travaille sur des programmes macroéconomiques et des projets pour plusieurs pays africains.
Cette expérience lui forge une expertise solide sur les politiques publiques et la planification économique.
De retour en Guinée, il occupe le poste de premier vice-gouverneur de la Banque centrale (BCRG) avant d’être recruté à Global Alumina à New York, comme vice-président chargé des finances. Plus tard, au sein de Guinea Alumina Corporation (GAC), il coordonne d’importants projets d’investissement avec des partenaires internationaux tels que Dubal et Mubadala, confirmant ainsi sa réputation de gestionnaire méthodique.
Du ministre au démissionnaire par principe
Nommé ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique en 2016 par le président Alpha Condé, Yéro Baldé engage une réforme ambitieuse du système universitaire guinéen.
Sous son impulsion, la biométrisation des étudiants permet de détecter plus de 47 000 inscriptions fictives, entraînant une économie substantielle pour l’État. Il introduit aussi une plateforme numérique pour l’orientation universitaire et soutient la formation continue des enseignants.
Mais c’est sa démission retentissante en février 2020, en pleine controverse sur le troisième mandat d’Alpha Condé, qui révèle sa fibre d’homme de conviction. Refusant de cautionner une réforme constitutionnelle qu’il jugeait contraire à ses valeurs, il claque la porte du gouvernement. Un acte rare dans la classe politique guinéenne, salué comme un geste de courage et d’intégrité.
Un candidat du renouveau démocratique
Cinq ans plus tard, Abdoulaye Yéro Baldé revient sur le devant de la scène à la tête du Front pour la Démocratie en Guinée (FRONDEG). Son programme repose sur quatre piliers tels que la bonne gouvernance,la relance économique,la transparence dans la gestion publique,et la réconciliation nationale.
Son discours, sobre et précis, tranche avec la rhétorique habituelle des campagnes électorales. Loin des slogans populistes, il appelle à « un État juste, des institutions fortes et une gouvernance au service du citoyen ».
Cette posture lui vaut le soutien d’une partie de la jeunesse urbaine, des cadres économiques et des universitaires, séduits par son profil rassurant et sa compétence technique. Le 9 novembre 2025, la Cour suprême valide sa candidature parmi les neuf retenues sur les 51 déposées, ouvrant la voie à une campagne qui s’annonce disputée.
L’universitaire respecté devenu symbole d’intégrité
Professeur d’économie à l’université de Conakry entre 1997 et 1999, Yéro Baldé a marqué de nombreux étudiants par son exigence et son sens du devoir. En 2019, l’Institut supérieur de technologie de Mamou (IST) lui rend hommage en baptisant de son nom la 11e promotion de diplômés.
Un geste symbolique qui illustre la reconnaissance d’un parcours exemplaire.
Aujourd’hui, alors que la Guinée s’apprête à vivre une nouvelle épreuve démocratique, Abdoulaye Yéro Baldé s’impose comme une voix alternative dans un paysage dominé par les figures traditionnelles.
Il prône une politique du fond plutôt que du spectacle, et invite les Guinéens à « croire en la compétence comme levier de transformation nationale ».
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