Par Jean Pierre Assa | lementor.net
Le gouvernement ivoirien a rompu le silence sur la polémique née du décès d’Alino Faso, activiste burkinabè détenu à Abidjan, dont la mort en prison suscite de vives tensions diplomatiques. Face aux accusations portées par les autorités du Burkina Faso, qui dénoncent un « assassinat », la réaction d’Abidjan, portée par le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement Amadou Coulibaly, se veut ferme et sans détour : pour la Côte d’Ivoire, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un suicide, et cette version repose sur des éléments précis fournis par la justice.
S’appuyant sur le communiqué du Procureur de la République, Amadou Coulibaly a rappelé que les causes du décès ont été établies à l’issue des premières constatations. Selon ce document officiel, Alino Faso se serait d’abord entaillé les poignets avant de se pendre à l’aide de son drap de lit. Le porte-parole a déclaré que si le magistrat s’était exprimé avec autant de clarté, c’est qu’il disposait d’éléments sérieux et suffisants pour soutenir la thèse du suicide. Il a par ailleurs regretté que ce drame humain soit instrumentalisé à des fins politiques, évoquant la douleur d’une famille en deuil qui mérite respect, loin des polémiques stériles.
L’affaire, qui prend une tournure régionale, intervient dans un contexte diplomatique déjà tendu entre Abidjan et Ouagadougou. À cet égard, le porte-parole du gouvernement ivoirien n’a pas manqué de rappeler que les relations entre les deux pays étaient déjà fortement dégradées, bien avant cette tragédie. Il a également dénoncé les précédentes accusations burkinabè, notamment celles relatives à une prétendue tentative de déstabilisation orchestrée par la Côte d’Ivoire, pour lesquelles Abidjan affirme n’avoir jamais reçu la moindre preuve.
De son côté, le Burkina Faso rejette formellement la version ivoirienne. Les autorités de Ouagadougou parlent d’un « assassinat crapuleux » et réclament des explications. Ce mercredi, des manifestants se sont rassemblés devant l’ambassade de Côte d’Ivoire pour exiger le rapatriement du corps d’Alino Faso, tout en appelant à une enquête internationale sur les circonstances exactes du décès.
Traoré Alain Christophe, alias Alino Faso, était poursuivi pour des chefs d’accusation lourds, parmi lesquels intelligence avec des agents d’un État étranger, espionnage, complot contre l’autorité de l’État, propagation de fausses nouvelles et atteinte au moral de la population. Des charges graves, qui plaçaient l’activiste dans le viseur des autorités sécuritaires ivoiriennes. Mais la brutalité de sa disparition en détention a ravivé des suspicions et alimenté une crise diplomatique que ni Abidjan ni Ouagadougou ne semblent pour l’heure disposés à désamorcer.
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