Par [La Rédaction]
Le jeudi 15 mai 2025, le paysage politique ivoirien a été secoué par une annonce lourde de conséquences : le professeur Maurice Kakou Guikahué a présenté sa démission de ses fonctions de Conseiller politique du Président du PDCI-RDA, à peine quatre mois après sa nomination officielle par décision n°86-2025/PP/CAB en date du 17 janvier 2025.
Dans un communiqué sans équivoque, l’ancien Secrétaire exécutif du parti exprime son incompréhension, voire son indignation, face à une gouvernance interne qu’il juge opaque et centralisée. Il affirme n’avoir été ni consulté, ni informé des décisions importantes du parti, y compris de la récente démission – surprise – du président du PDCI, Tidjane Thiam, révélée dans la presse avant même d’être discutée en interne.
Une démission révélatrice d’un malaise profond
Cette décision ne relève pas d’un simple désaccord de méthode. Elle traduit une fracture plus profonde au sein du PDCI-RDA. Guikahué, figure de proue du vieux parti et fidèle héritier de la ligne Houphouëtiste, rappelle dans son texte sa loyauté sans faille et son attachement à la discipline de parti. Mais il dénonce sans détour la tenue du 9ᵉ congrès extraordinaire du 14 mai 2025 sans président ni bureau du Congrès, une entorse grave aux procédures démocratiques internes selon lui.
Cette dénonciation publique de la gouvernance actuelle soulève une question centrale : le PDCI est-il en train de se diviser entre une direction « technocratique » incarnée par Tidjane Thiam, et une aile historique plus enracinée dans la base militante et dans les pratiques internes traditionnelles du parti ?
Plusieurs hypothèses sur la table
La première hypothèse serait celle d’une mise à l’écart progressive des figures historiques au profit d’un cercle plus restreint autour du président Thiam, qui préférerait une approche managériale au dialogue militant. Cette stratégie pourrait viser à moderniser le parti et à le rendre plus agile, mais au prix d’un risque d’isolement.
La deuxième hypothèse, plus politique, serait celle d’un désaccord stratégique sur la candidature à la présidentielle de 2025. Guikahué, vétéran du parti et fin connaisseur des rouages institutionnels, pourrait ne pas partager la gestion récente de la crise autour de la disqualification électorale de Thiam, et de son retour rapide à la tête du parti sans consultation formelle.
Enfin, une troisième lecture possible est celle d’un geste d’alerte et de sauvegarde. En se retirant de ses fonctions, Guikahué pourrait chercher à provoquer une prise de conscience collective sur la direction actuelle du PDCI-RDA, tout en réaffirmant son attachement inébranlable au parti : « le PDCI-RDA est l’âme de la Côte d’Ivoire », conclut-il dans un ton solennel.
Un PDCI en quête de cohésion
Cette démission pose une fois de plus la question de la cohésion interne du PDCI-RDA à l’approche des présidentielles de 2025. Dans un climat politique national tendu et fragmenté, la deuxième grande force d’opposition ne peut se permettre de paraître affaiblie ou désunie. Si cette décision n’est pas suivie de gestes d’apaisement ou de clarification, elle pourrait fragiliser davantage un parti déjà confronté à un déficit de consensus et à la pression des échéances électorales.
Un Conseil politique élargi ou une réunion d’urgence du Bureau Politique pourrait être convoqué dans les prochains jours pour tenter de désamorcer la crise. Mais une chose est certaine : le départ de Guikahué n’est pas anodin, et il pourrait ouvrir une nouvelle phase d’incertitude au sein du plus vieux parti de Côte d’Ivoire.
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