Dans une lettre ouverte adressée au président Alassane Ouattara, le Syndicat National des Acteurs et des Professionnels de la Filière Anacarde de Côte d’Ivoire (SYNAPFA-CI), par la voix de son secrétaire général, Soumahoro Lassiné, a plaidé pour une révision urgente de la matrice des prix de la noix brute de cajou pour l’année 2025. Cette initiative vise à garantir des conditions de vie et de travail plus justes pour les producteurs, tout en réaffirmant la position stratégique de la Côte d’Ivoire en tant que premier producteur mondial d’anacarde.
Un appel à un prix bord champ équitable
Selon la lettre, le prix bord champ actuel, déterminé par des mécanismes fixés hors du territoire ivoirien, continue de défavoriser les producteurs locaux, au profit des exportateurs et transformateurs. Soumahoro Lassiné propose une nouvelle matrice des prix qui inclurait le coût de revient réel de la noix brute de cajou (fixé à 355 F CFA/kg) et une augmentation du prix CAF de référence de 663 F CFA à 1 000 F CFA. Cette mesure permettrait de garantir un prix bord champ de 500 F CFA aux producteurs.
Cette refonte, selon le SYNAPFA-CI, générerait des bénéfices significatifs pour la filière et les producteurs, notamment :
• La couverture maladie universelle (CMU) pour plus de 400 000 producteurs.
• Leur inscription au Régime Social des Travailleurs Indépendants (RSTI).
• Une contribution aux frais funéraires des producteurs décédés.
• Un renforcement de la productivité des plantations.
La création d’une Bourse Internationale de l’Anacarde
Le syndicat appelle également à une révolution structurelle : l’instauration d’une Bourse Internationale de l’Anacarde (BIA) basée en Côte d’Ivoire. Cette institution, selon Soumahoro Lassiné, permettrait à la Côte d’Ivoire de fixer les prix internationaux, consolidant ainsi son rôle de leader mondial dans la filière anacarde.
Ressusciter le projet « Un jeune, un hectare d’anacarde »
Le SYNAPFA-CI exhorte également l’État à relancer le projet « Un jeune, un hectare d’anacarde », initié par feu le Premier Ministre Amadou Gon Coulibaly. Ce programme, qui visait à fournir aux jeunes des hectares d’anacardiers avec des intrants bio à haut rendement, est actuellement à l’arrêt.
Pour financer ces propositions, le syndicat suggère de réaffecter une partie des revenus additionnels générés par l’augmentation du Droit Unique de Sortie (DUS), qui passerait de 33,33 à 50 F CFA/kg.
Un plaidoyer pour un commerce équitable
Le SYNAPFA-CI rappelle que la fixation des prix en Côte d’Ivoire n’est pas une utopie. En 2012, une telle initiative avait permis d’attirer davantage de jeunes vers la culture de l’anacarde et d’améliorer la qualité des récoltes.
Un secteur vital en quête d’équité
Avec plus de 400 000 producteurs concernés, la filière anacarde représente un pilier de l’économie ivoirienne et le plus grand pourvoyeur d’emplois. À travers cette lettre ouverte, le SYNAPFA-CI invite les autorités à écouter le cri de cœur des producteurs pour un commerce équitable et durable.
Dans l’attente d’une réponse favorable, la balle est désormais dans le camp de l’État ivoirien.
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