Par CB | Lementor.net
La saison 2025-2026 de la Ligue 1 ivoirienne s’annonce comme l’une des plus stratégiques de la dernière décennie, tant pour la Fédération ivoirienne de football (FIF) que pour l’ensemble des acteurs du ballon rond national. Derrière le calendrier officiel et les promesses de spectacle, c’est un chantier sportif, économique et organisationnel de grande envergure qui se joue, avec un objectif clair : élever durablement le niveau du championnat et renforcer l’ancrage du football ivoirien sur la scène continentale.
Depuis son arrivée à la tête de la FIF, Yacine Idriss Diallo a multiplié les réformes structurelles. Les subventions annuelles aux clubs ont été revalorisées, passant en moyenne de 75 millions à 100 millions FCFA par saison pour les formations de Ligue 1, avec des bonus de performance pouvant atteindre 25 millions supplémentaires pour les clubs qualifiés aux compétitions africaines. À cela s’ajoute une amélioration des conditions logistiques : prise en charge accrue des déplacements, dotations en équipements sportifs de qualité, et remise à niveau progressive de certaines infrastructures vieillissantes.
La FIF a également relancé ses programmes de formation des encadreurs techniques, avec l’ambition de certifier au moins 50 entraîneurs aux standards CAF et FIFA d’ici 2027. Ce travail de fond vise à bâtir une identité de jeu ivoirienne plus compétitive et mieux structurée, capable de rivaliser avec les références régionales comme le Maroc, l’Afrique du Sud ou l’Égypte.
Côté clubs, l’intersaison a été particulièrement animée. L’ASEC Mimosas, champion en titre et récent quart-de-finaliste de la Ligue des Champions CAF, a conservé l’ossature de son équipe tout en y ajoutant deux renforts offensifs de poids. Le Sporting Club de Gagnoa, finaliste de la Coupe nationale, a investi près de 120 millions FCFA dans le recrutement, ciblant des jeunes talents locaux et deux joueurs expérimentés évoluant en Afrique de l’Ouest. Le FC San Pedro, désormais sous une direction sportive renouvelée, ambitionne une place sur le podium, tandis que l’AFAD rêve de jouer les trouble-fêtes, misant sur la vitesse et la fraîcheur de son effectif.
L’enjeu dépasse cependant le simple classement. Un championnat plus relevé pourrait servir de levier pour séduire à nouveau les sponsors privés, dont les investissements avaient chuté de 35 % entre 2018 et 2022. La FIF espère ainsi porter les revenus commerciaux cumulés de la Ligue 1 à plus de 3 milliards FCFA d’ici trois ans, contre environ 1,8 milliard actuellement. De même, un produit télévisuel plus attractif est attendu pour attirer les diffuseurs étrangers, notamment au sein de la diaspora ivoirienne.
Le succès de cette saison dépendra aussi de la mobilisation populaire. Sur la base de notre propre analyse des réformes méthodiques engagées, la FIF pourrait raisonnablement espérer une hausse de fréquentation située entre 15 % et 20 % par rapport à la moyenne actuelle, estimée à 4 000 spectateurs par match. L’idée reste de recréer un engouement populaire comparable à celui des années fastes, lorsque certaines affiches dépassaient les 15 000 spectateurs.
En toile de fond, cette saison est un test grandeur nature pour les réformes engagées. Elle devra démontrer que le football ivoirien est capable de transformer un élan institutionnel en résultats tangibles, sur le terrain comme en dehors. Le coup d’envoi sera donné le samedi 16 août 2025, mais c’est sur la durée que se jouera la véritable victoire : celle d’un championnat ivoirien redevenu un acteur crédible et ambitieux du football africain.
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