Par La Rédaction | Lementor.net
Le débat sur l’état du football ivoirien revient régulièrement, souvent alimenté par l’idée que les clubs manqueraient cruellement d’infrastructures et de soutien. Pourtant, depuis l’élection de Yacine Idriss Diallo à la présidence de la Fédération Ivoirienne de Football (FIF) en avril 2022, les faits montrent que le football local connaît une progression structurelle, tant dans son organisation que dans son rapport avec les standards imposés par la CAF et la FIFA.
Les infrastructures : une responsabilité d’abord clubale
Il est vrai que la majorité des clubs ivoiriens ne disposent pas encore d’installations modernes répondant aux standards internationaux. Mais il faut rappeler une réalité universelle : ce ne sont pas les fédérations qui construisent et entretiennent les stades ou centres d’entraînement, mais bien les clubs eux-mêmes. De Barcelone à Arsenal, en passant par l’Olympique de Marseille, les infrastructures emblématiques sont le fruit d’investissements stratégiques des directions de clubs, parfois avec le soutien des collectivités ou de partenaires privés.
En Côte d’Ivoire, la FIF joue son rôle de régulateur et de facilitateur, notamment en accompagnant les clubs dans la mise en conformité avec les cahiers des charges CAF. Ainsi, lors de la saison 2024–2025, 9 clubs de Ligue 1 sur 16 ont satisfait aux critères de licence CAF, contre seulement 3 en 2021. Une avancée mesurable et reconnue.
Le développement du football féminin : une dynamique concertée
Contrairement aux affirmations selon lesquelles seuls quatre ou cinq clubs disposeraient de sections féminines (ASEC, Africa, Stella, SC Gagnoa, etc.), la réalité est plus nuancée. Depuis 2023, des accords de partenariat ont été conclus entre clubs masculins et structures féminines existantes, afin de permettre une extension progressive du football féminin. Résultat : 12 clubs de Ligue 1 ont désormais une section féminine enregistrée, ce qui représente une base solide pour répondre aux exigences de la CAF d’ici 2026.
Mieux encore, deux clubs ivoiriens ont pris part aux éliminatoires de la Ligue des champions féminine de la CAF (l’ASEC en 2023 et le FC Inter d’Abidjan en 2024), signe que l’investissement produit déjà des résultats sportifs.
Une gestion plus rationnelle des soutiens financiers
La question des cars de transport, souvent critiquée, mérite clarification. Les véhicules acquis par la FIF et mis à disposition des clubs ne sont pas des dons gratuits, mais un investissement collectif. Leur coût est déduit des subventions afin d’éviter aux clubs d’assumer seuls des charges lourdes et récurrentes. Concrètement, un club qui dépensait 10 à 12 millions FCFA par saison pour louer des cars n’a plus aujourd’hui qu’à amortir un montant d’environ 6 à 7 millions FCFA via le mécanisme fédéral. Cette gestion permet de réduire les dépenses courantes et d’assurer la disponibilité d’un outil de transport fiable.
Une ligue plus compétitive et mieux encadrée
Les progrès sont aussi visibles sur le terrain. La Ligue 1 ivoirienne a bénéficié d’une meilleure visibilité médiatique avec un accord signé entre la FIF, la RTI et des plateformes digitales, générant pour la première fois depuis longtemps des revenus audiovisuels estimés à 1,2 milliard FCFA sur la saison 2024–2025. Parallèlement, la fréquentation des stades a progressé : la moyenne de spectateurs est passée de 2 500 en 2021 à près de 4 000 en 2024, avec des pics lors des chocs ASEC–Africa ou San Pedro–Gagnoa.
Sur la scène internationale, l’ASEC Mimosas a atteint les demi-finales de la Ligue des champions CAF en 2023, tandis que le FC San Pedro a joué les quarts de finale de la Coupe de la Confédération en 2024. Des performances qui témoignent d’une montée en puissance du football local.
Une dynamique qui se consolide
En trois ans, Yacine Idriss Diallo et son équipe ont réussi à redonner une perspective au football local ivoirien. Certes, beaucoup reste à faire pour que chaque club dispose d’infrastructures de qualité, mais la dynamique enclenchée est claire : plus de clubs conformes aux standards CAF, une montée en puissance du football féminin, des soutiens logistiques rationnalisés et une meilleure visibilité de la Ligue 1.
Des compétitions structurées et des bourses revalorisées
À cela s’ajoute un fait majeur : toutes les compétitions nationales se tiennent désormais aux dates prévues, aussi bien en Ligue 1 qu’en Ligue 2, sans oublier les championnats régionaux. Le championnat national féminin, relancé en 2023, est entré dans sa troisième édition consécutive avec 18 équipes engagées. Les championnats de jeunes (U15, U17, U20) couvrent aujourd’hui l’ensemble du territoire, offrant un vivier structuré et compétitif.
Les subventions allouées aux clubs ont été revalorisées de 25 % entre 2022 et 2024, permettant une meilleure préparation des équipes. Mais il convient de rappeler une vérité essentielle : c’est aux clubs eux-mêmes de mobiliser leurs supporters et de bâtir une véritable fanbase. La FIF, en tant que régulateur, assure l’organisation et la redistribution des ressources, mais ne saurait se substituer à des entités privées qui doivent fonctionner avec une identité, une stratégie et une communauté propres.
Ces évolutions confirment que le football ivoirien n’est plus en marge : il est en marche, avec une base solide sur laquelle les clubs doivent désormais capitaliser.
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