Abidjan, 9 juin 2025 – Le climat social se tend en Côte d’Ivoire alors que les prix des denrées de première nécessité poursuivent leur envolée. Riz, huile, sucre, gaz butane, transport : les ménages ivoiriens sont durement frappés par une inflation galopante qui pèse sur leur quotidien. Face à cette situation devenue insoutenable pour de nombreux foyers, les principales centrales syndicales du pays haussent le ton et demandent une réaction immédiate du gouvernement.
Une lettre ouverte au sommet de l’État
Dans une lettre conjointe adressée au Premier ministre Robert Beugré Mambé, les syndicats CGT-CI, UGTCI et Dignité expriment leur profonde inquiétude quant à la détérioration du pouvoir d’achat des travailleurs ivoiriens. Selon les signataires, l’accélération de la hausse des prix, non compensée par une revalorisation des salaires, entraîne une paupérisation croissante des classes moyennes et populaires. « La Côte d’Ivoire ne peut pas bâtir une émergence durable sur une population qui n’arrive plus à se nourrir correctement », peut-on lire dans le courrier.
Des revendications claires et urgentes
Les syndicats réclament l’ouverture immédiate d’une table ronde nationale impliquant l’ensemble des acteurs sociaux : gouvernement, patronat, syndicats, société civile et experts économiques. L’objectif serait de trouver des mécanismes concrets pour amortir l’impact de l’inflation sur les ménages. Parmi les propositions évoquées : la mise en place de subventions ciblées sur les produits de première nécessité, la révision du SMIG, ainsi que le plafonnement temporaire de certains prix sur les marchés.
Le gouvernement appelle au calme, mais reste prudent
Interrogé sur la question, le ministre du Commerce, Souleymane Diarrassouba, a reconnu les « tensions réelles » sur les prix du riz importé, du carburant et des denrées stratégiques. Il a attribué cette flambée à des « déséquilibres persistants » sur les marchés internationaux, aggravés par la reprise économique mondiale, les conflits géopolitiques et les coûts du fret. Toutefois, le ministre a assuré que le gouvernement suivait la situation de près et travaillait sur des « mesures d’ajustement progressives » afin de préserver l’équilibre entre soutien aux ménages et viabilité budgétaire.
Une rencontre décisive prévue cette semaine ?
Dans les coulisses, des tractations seraient en cours pour organiser une rencontre d’urgence entre les représentants syndicaux et une délégation ministérielle. Le ministère de l’Emploi et de la Protection sociale serait chargé de faciliter ce dialogue. Cette réunion pourrait être décisive pour désamorcer une crise sociale naissante, alors que plusieurs syndicats menacent déjà de durcir le ton si aucune mesure concrète n’est annoncée d’ici la fin du mois.
Une situation surveillée de près à l’approche de la présidentielle
Cette poussée de fièvre sociale survient dans un contexte politique particulièrement sensible, à quelques mois de l’élection présidentielle. Si le pouvoir souhaite maintenir un climat apaisé, il devra impérativement donner des gages d’écoute et de réactivité. Car pour de nombreux Ivoiriens, les promesses de croissance et de stabilité macroéconomique doivent désormais se traduire dans leur assiette et sur leur ticket de caisse. Le dialogue social à venir pourrait donc bien être le premier test de la rentrée politique.
La Rédaction
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