Lorsqu’il est élu à la tête de la Fédération Ivoirienne de Football (FIF) le 23 avril 2022, Yacine Idriss Diallo hérite d’une maison en crise : conflits internes, absence de vision à long terme, déconnexion avec les acteurs locaux et méfiance croissante du public. Moins de trois ans plus tard, c’est une toute autre image qui s’impose. La FIF est redevenue un acteur crédible, actif, et tourné vers l’avenir. Le projet de modernisation du football ivoirien, mené tambour battant par Idriss Diallo, porte désormais un nom : innovation stratégique au service de la performance.
Réconcilier, structurer, relancer
Le premier défi du président Diallo fut celui de la réconciliation. Après des années de division entre clubs, dirigeants et acteurs institutionnels, il a mis en place des tournées de dialogue avec les présidents de clubs, les ligues régionales et les techniciens. Un signal fort de cette volonté inclusive a été envoyé en juillet 2023, lorsque la FIF a rendu hommage à plusieurs anciennes gloires du football ivoirien, notamment Yéo Martial, Gbonké Tia Martin, Youssouf Fofana, à l’occasion de la 45e Assemblée Générale Ordinaire de la CAF organisée à Abidjan. Cette reconnaissance visait à valoriser la mémoire collective du football national.
Autre geste fort dans cette dynamique d’ouverture : le 23 janvier 2025, Idriss Diallo a reçu au siège de la FIF plusieurs dirigeants de clubs des divisions Régionale et District, afin de renforcer la concertation avec les acteurs de proximité du football ivoirien.
Parallèlement, la FIF s’est dotée d’un plan stratégique de développement sur 5 ans (2023–2028), articulé autour de quatre axes : infrastructures, formation, gouvernance, compétitivité. Le championnat de Ligue 1 a été restructuré, la Ligue 2 professionnalisée, et les compétitions féminines et jeunes ont retrouvé un cadre stable.
L’Afrique en vitrine, la Côte d’Ivoire en modèle
Le sommet a été atteint avec l’organisation réussie de la CAN 2023 en janvier-février 2024. La victoire éclatante des Éléphants de Côte d’Ivoire, portée par une tactique audacieuse et un commando de joueurs locaux et expatriés, a confirmé l’efficacité du modèle mis en place. La logistique sans faille, les pelouses homologuées CAF/FIFA et la gestion rigoureuse de l’événement ont été saluées à travers tout le continent.
Dans la foulée, la FIF a lancé l’Académie Nationale de Football (ANAF-CI), destinée à former les jeunes talents en intégrant sport, éducation et santé. Le partenariat signé avec la Liga espagnole permet aussi d’envoyer des jeunes coachs ivoiriens en stage en Espagne, pour renforcer le niveau technique local.
La VAR en Côte d’Ivoire : une première dans l’espace francophone ouest-africain
Le 30 mars 2025, lors du choc opposant l’ASEC Mimosas au FC San Pedro, le championnat ivoirien entre dans l’histoire : pour la première fois, la VAR (assistance vidéo à l’arbitrage) est utilisée en compétition nationale. Le déploiement de cette technologie, déjà testée lors de la CAN 2023, a été étendu à la Ligue 1 via un partenariat avec la société espagnole Mediapro, la FIFA et des techniciens locaux formés à Casablanca.
L’introduction de la VAR vise à renforcer l’équité, réduire les erreurs d’arbitrage flagrantes et rehausser le niveau du championnat. Elle s’accompagne de l’instauration d’un corps arbitral professionnel, rémunéré à plein temps, et de la mise en place d’un centre technique de visionnage basé à Yamoussoukro.
Cette réforme technologique fait de la Côte d’Ivoire le premier pays d’Afrique francophone de l’Ouest à intégrer la VAR de manière permanente dans son championnat.
Un héritage en construction
Certes, tout n’est pas parfait. Des défis subsistent, notamment concernant les difficultés logistiques rencontrées par certains clubs, la lenteur observée dans la digitalisation des licences, ou encore l’insuffisance de soutien aux petites équipes de l’intérieur du pays. Toutefois, la Fédération a pleinement conscience de ces problématiques. Des mesures sont actuellement à l’étude, avec des réponses concrètes en préparation. La FIF a d’ailleurs amorcé la prise en main de ces dossiers, en lançant des audits internes et des groupes de travail techniques pour proposer des solutions durables. Mais l’impulsion donnée par Idriss Diallo est réelle, visible et mesurable.
De l’harmonisation des calendriers à la lutte contre la corruption dans les transferts, en passant par la professionnalisation des dirigeants de clubs, le président de la FIF aura imprimé une méthode : moderniser sans renier l’identité, innover tout en respectant les bases.
L’avenir dira si cette transformation pourra s’inscrire dans la durée. Mais une chose est certaine : le football ivoirien a repris sa marche vers l’excellence, et Idriss Diallo en restera, quoi qu’il arrive, l’un des grands architectes.
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