Par La Rédaction
Plus de deux décennies après son lancement, la décentralisation en Côte d’Ivoire reste un chantier inachevé. En 2025, les collectivités territoriales disposent certes d’un statut juridique, d’élus locaux et d’un budget propre, mais leur capacité d’action est fortement entravée par un pouvoir central omniprésent. L’autonomie locale est souvent théorique, soumise à une tutelle administrative tatillonne et à des financements insuffisants.
Les maires et présidents de conseil régional expriment régulièrement leur frustration face au manque de moyens pour répondre aux besoins de leurs populations. Routes impraticables, centres de santé inachevés, écoles en ruines : les projets de développement restent bloqués ou retardés faute de dotation effective. L’État transfère des compétences sans en transférer les ressources correspondantes, créant ainsi un déséquilibre structurel.
Cette centralisation administrative s’accompagne d’un malaise institutionnel plus large. Le fonctionnement de la justice reste une source de préoccupation majeure. Trop souvent, les décisions judiciaires, notamment dans les affaires sensibles, sont perçues comme orientées ou influencées. Le manque d’indépendance de la magistrature, combiné à l’inefficacité des procédures et à la lenteur des recours, mine la confiance citoyenne envers l’appareil judiciaire.
Pourtant, des signes d’espoir émergent. Le développement de guichets uniques dans certaines mairies, la numérisation des actes d’état civil, ou encore la transparence budgétaire dans quelques conseils régionaux témoignent d’un mouvement vers une gouvernance de proximité plus moderne. La société civile, de plus en plus formée et mobilisée, joue un rôle de contre-pouvoir local dans plusieurs communes.
Si la Côte d’Ivoire veut renforcer la cohésion sociale et améliorer les conditions de vie de ses citoyens, elle devra franchir une étape décisive : faire de la décentralisation un outil de développement territorial réel, et non un habillage institutionnel. Cela exige une réforme courageuse de l’administration publique, une autonomie budgétaire renforcée pour les élus locaux, et un engagement ferme en faveur d’une justice équitable et impartiale.
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