Par La Rédaction
L’interview accordée par Tidjane Thiam, président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), au journaliste Alain Foka continue de provoquer de vives réactions dans le paysage médiatique et politique ivoirien. Diffusée il y a quelques jours, cette prise de parole publique, rare et attendue, a été largement commentée, en particulier par plusieurs titres proches du pouvoir qui y voient une sortie de route préméditée à quelques mois de l’élection présidentielle.
Dans cette interview diffusée sur les réseaux sociaux, Tidjane Thiam revient sur son parcours, sa vision pour la Côte d’Ivoire et son engagement politique. Plusieurs passages, notamment ceux évoquant l’état des institutions, la gouvernance et la morale publique, ont été interprétés par certains observateurs comme des critiques voilées, voire directes, à l’encontre de l’exécutif. D’autres y voient simplement une stratégie de positionnement classique en période préélectorale.
Dans la foulée, plusieurs journaux, notamment Le Patriote, Le Rassemblement ou encore Le Matin, ont réagi vivement, qualifiant l’entretien de condescendant, et son auteur de donneur de leçons. Des unes particulièrement virulentes ont été publiées, avec des titres tels que « Tidjane Thiam, insulteur public » ou encore « Faillite morale et stratégie de provocation ».
Si l’exercice médiatique s’inscrit clairement dans une volonté de revalorisation politique de l’ancien banquier international, sa réception révèle les tensions croissantes à l’approche du scrutin présidentiel. Pour certains analystes, cette sortie publique, en dehors des canaux classiques de communication nationale, interroge sur les dynamiques de la campagne électorale à venir. Certains estiment que le recours à une plateforme étrangère pour exposer une vision nationale pourrait être perçu comme un manque de dialogue avec les médias locaux. D’autres rappellent que l’espace politique ivoirien est pluraliste, et que toute expression, y compris critique, fait partie intégrante du jeu démocratique.
À moins de trois mois de l’élection présidentielle, chaque mot, chaque prise de parole, chaque silence est désormais scruté. Dans ce contexte, l’interview de Tidjane Thiam agit comme un révélateur des lignes de fracture du débat national. Ce n’est pas tant le contenu en lui-même qui divise que la symbolique de cette parole : l’expression publique d’un opposant sérieux, dans un paysage politique encore polarisé.
Le débat sur la forme, la posture ou l’opportunité de cette interview mérite d’être posé. Mais il gagnerait sans doute à ne pas occulter l’essentiel : le besoin d’un débat d’idées clair, responsable, et accessible à tous, dans un climat de respect réciproque.
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