Par Bakary Cisse | Lementor.net
Une décennie d’efforts structurés
Depuis l’arrivée au pouvoir du président Alassane Ouattara en 2011, la lutte contre la pauvreté est devenue l’un des axes majeurs des politiques publiques. Inscrite au cœur du Plan National de Développement (PND 2021-2025), cette ambition s’est traduite par des réformes profondes, financées conjointement par l’État, la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et d’autres partenaires techniques et financiers. Les résultats sont visibles : le taux de pauvreté monétaire, estimé à 46,3 % en 2015, a reculé à environ 37,5 % en 2021 et pourrait atteindre 36 % en 2025 selon les projections officielles. Il ne s’agit pas d’un hasard, mais de l’impact direct de politiques ciblées, mesurables et rigoureusement suivies.
Les filets sociaux, moteur du changement
Au cœur de cette dynamique, le Programme des Filets Sociaux Productifs (PFSP) occupe une place centrale. Lancé en 2015, il constitue aujourd’hui l’outil le plus efficace du gouvernement dans son combat contre la pauvreté. Plus de 527 000 ménages vulnérables perçoivent chaque trimestre une allocation de 36 000 FCFA. Mais l’innovation majeure réside dans l’approche productiviste : les bénéficiaires reçoivent également un accompagnement social, des sessions de formation et un appui aux activités génératrices de revenus. Dans des zones longtemps marginalisées, comme le Kabadougou, cette stratégie a permis de réduire la pauvreté de dix points en quelques années. Avec plus de 120 milliards FCFA investis, le PFSP démontre qu’un financement public bien orienté peut transformer durablement les conditions de vie.
Le PSGouv, réponse multisectorielle aux besoins sociaux
Le gouvernement a complété ces transferts sociaux par des actions structurelles via le Programme Social du Gouvernement (PSGouv), lancé en 2018 puis renforcé en 2022. Ce programme a permis d’étendre massivement les branchements sociaux à l’électricité, d’accélérer la construction de logements sociaux, d’améliorer l’accès à l’eau potable, de renforcer les infrastructures scolaires et sanitaires et de réduire les disparités entre les régions. Pour des millions de familles, ces améliorations ne sont pas théoriques : elles changent le quotidien et créent un environnement favorable à l’émergence d’une classe moyenne solide.
Un tournant numérique avec le Registre Social Unique
L’année 2025 marque une étape majeure dans la modernisation de l’action sociale. Le lancement officiel, le 18 juin, du Registre Social Unique (RSU) représente une révolution dans le ciblage des ménages vulnérables. Ce système numérique centralise toutes les données sociales, élimine les doublons et garantit que chaque aide parvient au bon bénéficiaire. Dès son entrée en vigueur, 70 000 nouveaux ménages seront automatiquement intégrés et recevront des transferts monétaires réguliers. La Côte d’Ivoire rejoint ainsi les pays africains les plus avancés en matière d’identification sociale et de transparence des aides.
Sécurité alimentaire et initiatives complémentaires
Au-delà des filets sociaux et du RSU, plusieurs programmes renforcent la résilience des communautés. Le Projet Popote Familiale, lancé en 2025, contribue à soutenir la sécurité alimentaire tout en encourageant la solidarité locale. Le programme de Transferts Monétaires « Plus » ajoute des volets nutritionnels et des sessions de sensibilisation pour les familles les plus exposées. Ces dispositifs s’inscrivent dans la Stratégie Nationale de Protection Sociale adoptée dès 2014, garantissant une continuité dans l’action publique.
La fonction publique également soutenue
La lutte contre la pauvreté passe aussi par la stabilité d’une classe moyenne active. À ce titre, l’État a engagé depuis plusieurs années des efforts de revalorisation salariale dans la fonction publique, a renforcé les mécanismes de retraite et a amélioré les conditions de travail des agents. Ces mesures consolidées, bien que parfois discrètes, participent à maintenir un socle économique stable, essentiel pour éviter les rechutes dans la pauvreté structurelle.
Une dynamique à poursuivre malgré les défis
Des défis persistent : vulnérabilité climatique, forte croissance démographique, impacts résiduels de la crise post-électorale de 2010-2011. Mais la trajectoire reste ascendante. Là où d’autres pays multiplient les annonces sans résultats concrets, la Côte d’Ivoire adopte une approche fondée sur la preuve, la rigueur budgétaire et des partenariats solides. Cette stratégie produit des effets tangibles, mesurables et reconnus par les institutions internationales.
Une fierté nationale retrouvée
Ce combat contre la pauvreté n’est pas encore terminé, mais les progrès sont indéniables. La Côte d’Ivoire démontre qu’une volonté politique affirmée, associée à des institutions efficaces, peut briser le cycle de la vulnérabilité. Au-delà des chiffres, c’est une fierté nationale qui renaît : celle d’un pays qui avance, qui innove et qui transforme la vie de ses citoyens. Et peut-être est-ce là, finalement, le plus puissant des filets sociaux.
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