Par MK
Il est une richesse qu’aucun sous-sol, aussi généreux soit-il, ne saurait égaler. Une richesse que l’on ne raffine ni dans des usines ni dans des mines, mais dans les cœurs, les cerveaux et les parcours. Cette richesse, c’est la diaspora africaine. Elle est multitude et singularité, blessure d’exil et fierté d’appartenance, semence jetée au loin mais toujours enracinée dans la terre-mère.
La Côte d’Ivoire, comme nombre de pays du continent, a vu ses enfants franchir les mers, traverser les ciels, arpenter d’autres langues, d’autres lois, d’autres lumières. Mais nul départ n’est oubli. Bien au contraire, ce qui se joue dans les parcours diasporiques, c’est l’écriture d’un second souffle national, d’un patriotisme sans frontières, d’une promesse à double versant : réussir là-bas sans renier d’où l’on vient, et revenir, un jour, les bras pleins d’idées, d’épargne, de projets et de feu.
La diaspora, c’est l’Afrique debout dans les amphithéâtres de Harvard, dans les laboratoires de Paris, dans les conseils d’administration de Toronto, dans les start-ups de Berlin. C’est une élite plurielle qui, souvent, rêve en ivoirien même quand elle pense en anglais ou publie en allemand. Elle est notre vitrine, notre ambassadrice officieuse, notre force d’influence douce.
Et pourtant, trop souvent encore, les États africains ne savent ni parler à leur diaspora, ni l’écouter. On la sollicite pour ses transferts de fonds, ces milliards silencieux qui soutiennent des familles entières, mais l’on oublie que sa valeur dépasse les envois Western Union. La diaspora pense, entreprend, milite, invente. Elle est source de technologie, de diplomatie, d’art, de capital humain. Elle est ressource et recours.
Il nous faut, à l’instar des grandes nations, mettre en place une politique diasporique ambitieuse : faire des ambassades des lieux de services et non d’attente, créer des guichets de retour, des dispositifs d’investissement spécifiques, des ponts universitaires, des académies transnationales. Il nous faut ouvrir grand la porte à ceux qui n’ont jamais fermé leur cœur.
Car ce n’est pas en opposant ceux de l’intérieur à ceux de l’extérieur que l’on bâtira la Côte d’Ivoire de demain, mais en les unissant dans un même rêve. Un rêve d’excellence, de réconciliation, de prospérité partagée. La diaspora n’est pas une fuite, elle est une extension. Et toute nation intelligente transforme ses extensions en puissance.
Écoutons-la. Valorisons-la. Ramenons-la à la maison, ou, mieux encore, agrandissons la maison pour qu’elle s’y sente toujours chez elle.
L’Afrique gagnera le monde quand elle comprendra que ses enfants sont partout – et qu’ils sont à elle, toujours.
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