Depuis quelques jours, la question de la nationalité de TidianeTHIAM, président du PDCI, est au cœur de tous les débats et discutions. Sur la NCI 360 du Dimanche 09 février dernier,Monsieur Arthur BANGA a enfoncé le clou sur le sujet.
Si dans la forme, l’on constate une certaine émotion générale de la population sur la sortie de l’enseignant d’université, en tenant compte de la culture africaine qui nous recommanded’être relativement réservé lorsque nous nous adressons à des aînés, toutefois, force est de reconnaître, dans le fond, que le Professeur BANGA a touché un élément qui mérite d’être analysé froidement. Mon intention, dans cette contribution, n’est pas de mettre de l’huile sur le feu. Bien au contraire, il s’agit ici d’interpeller les ivoiriens, et surtout la classe politique, sur la question épineuse du respect de la constitution que nous nous sommes librement donnée. De quoi s’agit-il ? Dans notre loi fondamentale, il est inscrit de façon limpide que pour candidater à la présidentielle en Côte d’Ivoire il faut être exclusivement ivoirien.
Tout le monde le sait y compris THIAM lui-même. Le fait d’aborder le sujet, en ce moment précis des préparatifs de ladite élection, c’est un gros service qu’Artur BANGA a rendu à THIAM. Et le PDCI devrait s’en réjouir au lieu de pondre un communiqué inutile de retrait de leur participation à cette émission qui est un véritable cadre de débat démocratique à l’instar de Reflet TV et de Life TV. Mais mon intervention ici se situe à un autre niveau. Il s’agit de l’éligibilité de Tidiane THIAM à la Présidence du PDCI – RDA. En effet, dans la constitution ivoirienne, il est écrit quedans la structuration des partis politiques, seuls les ivoiriens sont autorisés à occuper le poste de Président.
En d’autres termes, celui qui n’est pas ivoirien, ne peut pas être Président d’un parti politique en Côte d’Ivoire. Selon l’article 8 des textes règlementant la création et le fonctionnement des partis et groupement politiques, il est écrit et je cite : « les Membres fondateurs et dirigeants des partis ou groupements politiques doivent être de nationalité ivoirienne et jouir de leurs droits politiques et civiques ».Sur cette base, THIAM ne peut pas être Président du PDCI. Pour rappel, à son retour définitif du Fonds MonétaireInternational (FMI), le DGA, Monsieur Alassane OUATTARA, avait été, en 1999, porté à la tête du RDR pour occuper la fonction de Président dudit parti. Dans le respect de la procédure d’usage, les actes de ladite Assemblée du RDR avaient été déposés au Ministère de l’intérieur pour validation. Mais le Ministre de l’intérieur, à l’époque, Monsieur Emile Constant BOMBET avait rejeté le dossier sous prétexte que Monsieur Alassane OUATTARA n’était pas ivoirien. Donc il ne peut pas être Président du RDR. La suite, on la connaît.
Le Juge ZORO BI l’a rétablit dans ses droits en lui délivrant un certificat de nationalité dans le respect scrupuleux de la procédure légale. Dans le cas actuel de Tidiane THIAM, il est encore français car c’est maintenant qu’il a engagé les démarches pour renoncer à sa nationalité française. Mais entre-temps, il s’est fait élire président du PDCI. Nous ne remettons pas en cause sa nationalité d’origine. Mais nous disons qu’il est un binational et ce statut ne peut pas lui permettre d’occuper certaines fonctions notamment la présidence d’un parti politique ivoirien. Voici toute la question. THIAM est-il au-dessus de la loi ? Ce que BOMBET a appliqué, injustement au Président Alassane OUATTARA en 1999, n’est-il pas applicable à THIAM en 2025 qui, en réalité, est face à une situation avérée ? La Côte d’Ivoire, depuis Mars 2012, avec l’élection du Président de l’Assemblée nationale, est sortie de l’Etat d’exception pour faire la place à Etat de droit où la constitution doit être appliquée dans toute sa rigueur quelle que soit la situation. Dans le strict respect de la loi, Tidiane THIAM ne peut pas être Président du PDCI s’il demeure encore français. Et dans le cas d’espèce son élection à la tête du PDCI doit être invalidée jusqu’à ce que la procédure de renonciation à la nationalité française soit terminée. THIAM a peut-être agit par méconnaissance des textes ! Du coup il donne raison à Monsieur Jean Louis BILLON qui considère que l’ancien banquier est resté trop longtemps éloigné des réalités de notre Pays. Mais le Doyen Emile Constant BOMBET est un sachant sur la question en sa qualité d’ancien Ministre de l’intérieur. C’est le lieu d’interpeller les hommes politiques au respect de la loi fondamentale. GBAGBO n’est pas éligible à la présidence de la République de Côte d’Ivoire parce qu’il est sous le coup d’une condamnation qui le prive de ses droits civiques. THIAM ne peut pas être président du PDCI et encore moins candidat à la présidence de la République tant qu’il n’a pas renoncé à la nationalité française. Pour l’heure son élection à la tête du PDCI doit être invalidée. Si les choses restent en l’état, alors le PDCI doit organiser un autre congrès afin de se trouver un nouveau Président. En parler, ce n’est pas avoir peur de THIAM car j’ai toujours dit que le destin du RHDP est entre ses propres mains. Nous estimons simplement que le temps est arrivé d’appliquer fermement les textes dans ce Pays qui a trop souffert des errements de certains hommes politiques au gré de leurs humeurs et intérêts.
Lancina KARAMOKO
Analyste politique
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