Par Patrice Kramo
À quelques semaines des élections législatives en Côte d’Ivoire, l’opposition ivoirienne se fissure à nouveau. En décidant d’aligner des candidats aux législatives de décembre sans consulter le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), le PDCI-RDA de Tidjane Thiam a ravivé les tensions latentes avec Laurent Gbagbo. Une initiative unilatérale qui remet en cause l’équilibre précaire scellé entre les deux hommes depuis le début de l’année.
Un virage qui surprend le PPA-CI
Selon plusieurs sources proches de Laurent Gbagbo, l’ancien chef de l’État a très mal accueilli l’annonce du PDCI, décidé à se déployer dans plus de 130 des 205 circonscriptions. Le PPA-CI, pour sa part, maintient son appel au boycott, jugeant les conditions d’un scrutin équitable non réunies.
Le désaccord tranche avec la stratégie de 2021, lorsque les deux partis avaient mené campagne côte à côte. Cette alliance avait permis au PDCI d’obtenir une quarantaine de sièges, confortant une coopération politique alors jugée prometteuse.
Vieilles rancœurs et confiance brisée
Cette divergence électorale réactive des tensions anciennes. Mi-2024, Laurent Gbagbo avait pris ses distances avec Tidjane Thiam, après des propos rapportés depuis Bruxelles qui avaient profondément irrité l’ancien président. Jusqu’alors, les relations entre les deux hommes étaient cordiales : en 2021, Thiam avait même rendu visite à Gbagbo dans la capitale belge.
L’incident avait cependant laissé des traces durables, malgré plusieurs tentatives d’apaisement.
Un fragile début de rapprochement
En août 2024, une médiation s’esquisse à Washington. En marge d’un événement du National Democratic Institute (NDI), Habiba Touré, conseillère de Gbagbo, aborde le différend avec Tidjane Thiam. Les échanges semblent ouvrir la voie à un rapprochement.
Début 2025, les deux leaders actent enfin une stratégie commune, face à Alassane Ouattara, en vue de la présidentielle. Une entente prudente, mais présentée alors comme un tournant majeur pour l’opposition.
Une coalition désormais sous tension
L’annonce du PDCI pour les législatives remet tout en question. Au sein de l’opposition, certains redoutent un éclatement de la coalition, tandis que d’autres y voient un calcul politique assumé de Tidjane Thiam pour imposer sa propre ligne.
Dans un paysage politique déjà marqué par la méfiance et les ambitions concurrentes, la fracture entre le PDCI et le PPA-CI pourrait compliquer davantage la préparation du scrutin présidentiel. Sans un compromis rapide, l’opposition apparaît plus divisée que jamais face au camp Ouattara.
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