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samedi , 18 octobre 2025
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Les relations avec les autres pays africains : isolement ou reconfiguration ?

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Depuis l’annonce du retrait de la CEDEAO en janvier 2024, la Zone AES, composée du Mali, du Burkina Faso et du Niger, suscite des interrogations sur sa place dans le paysage diplomatique africain. Les dirigeants de l’alliance affirment vouloir bâtir un nouvel espace de coopération plus souverain et mieux adapté aux réalités du Sahel. Mais cette volonté s’est accompagnée d’une prise de distance avec les structures d’intégration régionales, ce qui soulève la question de savoir si la Zone AES s’isole du reste de l’Afrique ou si elle participe à une reconfiguration plus profonde des alliances continentales.

Les relations avec les pays membres de la CEDEAO sont devenues particulièrement tendues. La décision de retrait collectif a été perçue par plusieurs capitales ouest-africaines comme un acte de rupture unilatéral, voire comme une menace à la cohésion de la région. Des dirigeants comme ceux du Nigeria, du Ghana ou du Sénégal ont exprimé leur inquiétude face à ce précédent, redoutant une fragmentation de l’espace ouest-africain. En retour, les membres de la Zone AES dénoncent l’attitude punitive et arrogante de la CEDEAO, qu’ils accusent de privilégier les logiques de pouvoir au détriment de la solidarité régionale.

Malgré ces tensions, la Zone AES a continué d’entretenir des relations bilatérales avec plusieurs pays africains, en particulier ceux qui partagent une orientation politique ou sécuritaire proche. Des convergences ont été observées avec la Guinée, également dirigée par une junte militaire, ou encore avec l’Algérie, qui se présente comme un acteur diplomatique neutre et favorable à une solution négociée aux conflits régionaux. Des ouvertures existent aussi avec des États d’Afrique centrale, notamment le Tchad, qui partage des préoccupations sécuritaires similaires.

Par ailleurs, les autorités de la Zone AES participent toujours à certaines rencontres africaines, que ce soit dans le cadre de l’Union africaine ou de forums spécialisés sur la sécurité, l’énergie ou les infrastructures. Toutefois, leur posture diplomatique s’est profondément modifiée : elles insistent désormais sur le respect de la souveraineté nationale, refusent toute pression externe sur les calendriers de transition, et mettent en avant la légitimité populaire de leurs régimes. Cette posture limite leur intégration dans certaines initiatives multilatérales mais leur permet de bâtir des alliances à géométrie variable, fondées sur des intérêts communs.

La Zone AES ne se situe donc pas dans un isolement absolu, mais dans une dynamique de redéfinition de ses priorités diplomatiques. Elle privilégie des relations bilatérales pragmatiques, avec des pays qui respectent sa souveraineté, plutôt que des engagements régionaux perçus comme contraignants. Cette reconfiguration pourrait, à terme, conduire à une nouvelle cartographie des alliances africaines, où des blocs idéologiques, sécuritaires ou économiques se formeraient selon des affinités politiques plutôt que des appartenances géographiques.

Cette évolution n’est pas sans risques. L’éloignement des grands ensembles régionaux peut affaiblir la capacité de coordination sur des sujets transversaux comme la sécurité alimentaire, la lutte contre le terrorisme ou la gestion des flux migratoires. En même temps, elle peut permettre une meilleure adaptation aux réalités locales et une affirmation plus forte des souverainetés nationales. Le pari de la Zone AES est de montrer qu’une voie alternative est possible, sans pour autant rompre les ponts avec l’ensemble du continent.

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