Un audit récemment publié par la Cour des comptes sénégalaise jette une lumière crue sur la gestion des finances publiques durant le dernier mandat de Macky Sall. Ce rapport, couvrant la période de janvier 2019 au 31 mars 2024, révèle des écarts financiers considérables entre les chiffres officiels et la réalité des comptes, mettant en exergue des déficits et des niveaux d’endettement largement sous-estimés. Selon l’audit, le déficit budgétaire, en 2023, afficherait des écarts de plus de 1 379 milliards de FCFA par rapport aux estimations gouvernementales, tandis que l’encours de la dette serait en réalité bien supérieur aux chiffres officiels, avec une différence d’environ 4 704 milliards de FCFA.
Le rapport pointe notamment du doigt une importante dette bancaire locale contractée en dehors du cadre légal, s’élevant à près de 2 096 milliards de FCFA, qui, en masquant l’endettement réel, fausse la situation financière du pays. Ces emprunts non déclarés, ainsi que des surfinancements utilisés sans autorisation parlementaire pour financer des subventions et rembourser des dettes, ont contribué à alourdir le fardeau budgétaire. En outre, des transferts de fonds vers des entités administratives dépourvues de couverture budgétaire viennent aggraver l’opacité de ces opérations.
Les répercussions de cet audit se font déjà sentir sur la scène internationale, avec des agences de notation telles que Moody’s et Standard & Poor’s qui ont revu à la baisse la note souveraine du Sénégal, signe d’une perte de confiance des investisseurs face à ces pratiques financières jugées irresponsables. Dans une déclaration, Macky Sall a vigoureusement dénoncé ces allégations, qualifiant l’audit de procédé politique destiné à discréditer son administration.
Ce rapport explosif, en plus de mettre en lumière les failles du système de gestion financière, soulève des questions essentielles quant à la transparence et à la rigueur dans l’exercice du pouvoir au Sénégal. Face à une dette qui frôle désormais 100 % du PIB, le défi pour l’État reste de redresser la situation sans recourir à des mesures d’austérité trop sévères, afin de préserver à la fois les investissements nécessaires et le bien-être des citoyens.
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