Par Jean Pierre Assa | Lementor.net
L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, désormais à la tête du Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), a choisi la place Ficgayo de Yopougon pour son grand meeting du 16 août 2025. Un rendez-vous hautement symbolique, qui s’inscrit dans une séquence électorale tendue à l’approche de la présidentielle du 25 octobre prochain. Mais ce qui a retenu l’attention des observateurs, c’est l’invitation adressée au Front Populaire Ivoirien (FPI) de Pascal Affi N’Guessan à se joindre à l’événement.
Ce geste, rare dans la relation tumultueuse entre les deux anciens compagnons de route, laisse entrevoir une volonté de rapprochement. Affi N’Guessan, longtemps marginalisé dans l’opposition par le PPA-CI qui le considère comme « l’homme du pouvoir », a lui aussi besoin de recomposer son socle politique face à une scène dominée par le duel RHDP-opposition unifiée. L’ouverture faite par Gbagbo, même si elle reste symbolique, traduit une lecture stratégique : seule une opposition rassemblée pourrait espérer peser dans la balance en octobre.
Yopougon, bastion historique du FPI et lieu de mémoire des mobilisations populaires pro-Gbagbo, donne à ce meeting une portée particulière. En y conviant Affi et son parti, l’ancien chef d’État adresse un signal de réconciliation à ses propres militants divisés depuis la crise interne du FPI. Il s’agit de ressouder les bases, mais aussi de tester la capacité de l’opposition à dépasser rancunes et fractures personnelles pour construire une alternative crédible.
Cependant, les interrogations demeurent. Cette main tendue sera-t-elle saisie par Affi N’Guessan, ou restera-t-elle une simple manœuvre tactique de campagne ? Les rancunes accumulées, les procès d’intention et les divergences de leadership peuvent encore freiner l’émergence d’une dynamique unitaire. Dans le contexte actuel, la moindre ouverture suscite autant d’espoirs que de scepticismes.
En choisissant Yopougon comme théâtre de cette tentative de réconciliation, Laurent Gbagbo relance une vieille équation de la politique ivoirienne : l’opposition peut-elle surmonter ses divisions pour affronter un pouvoir solidement installé ? La réponse viendra peut-être de la place Ficgayo, mais certainement aussi des semaines à venir, qui diront si l’histoire se répète ou si elle s’écrit autrement.
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