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Noix de cajou : Comment les droits de douane américains pourraient propulser la Côte d’Ivoire sur le devant de la scène mondiale.

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Alors que l’administration américaine, sous Donald Trump, a pris des mesures commerciales sévères à l’encontre de plusieurs pays exportateurs de noix de cajou — avec des droits de douane de 46 % pour le Vietnam, 26 % pour l’Inde et 21 % pour la Côte d’Ivoire — la situation, bien que dénoncée à l’échelle internationale, pourrait paradoxalement offrir une opportunité stratégique à la Côte d’Ivoire. Ce retournement de contexte géopolitique coïncide avec une refonte plus large de la politique commerciale des États-Unis, marquée notamment par le démantèlement progressif des structures comme l’USAID et l’AGOA, qui ont longtemps structuré les relations économiques avec l’Afrique. Face à cette redéfinition des rapports Nord-Sud, la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de noix de cajou et troisième transformateur d’amandes, se retrouve dans une position inédite.

L’un des premiers avantages de ces droits de douane est la réduction notable de la compétitivité asiatique sur le marché américain. Le Vietnam, leader mondial des exportations de noix transformées, voit ses marges de manœuvre réduites, laissant entrevoir une ouverture pour les transformateurs ivoiriens. Dans ce contexte, les acheteurs américains pourraient se tourner vers la Côte d’Ivoire, dont les noix, bien qu’elles soient soumises à un tarif de 21 %, restent plus attractives que celles provenant d’Asie. L’enjeu est alors de transformer cette conjoncture commerciale en levier structurel pour l’économie nationale.

Depuis plusieurs années, la Côte d’Ivoire investit massivement dans l’industrie de transformation de l’anacarde. Malgré ces efforts, à peine 30 % de la production nationale — estimée à 350 000 tonnes en 2024 — est transformée localement. L’objectif affiché d’atteindre 50 % d’ici 2025 pourrait être accéléré si les acteurs ivoiriens parviennent à capter la demande redirigée du marché américain. Au lieu d’exporter massivement des noix brutes, le pays a désormais l’opportunité de devenir un exportateur incontournable de produits transformés à forte valeur ajoutée.

La qualité supérieure des noix de cajou ivoiriennes constitue un autre atout décisif. Contrairement au Vietnam, qui importe plus de 85 % de sa matière première, la Côte d’Ivoire dispose d’une traçabilité directe, renforcée par des pratiques agricoles durables et des partenariats en cours pour certifier ses usines selon les normes sanitaires américaines (FSMA). Ce niveau de transparence pourrait séduire les marchés exigeants, notamment en Amérique du Nord et en Europe, où les consommateurs sont de plus en plus sensibles aux questions de durabilité, d’origine et de responsabilité sociale.

Cette dynamique représente également une arme efficace contre la contrebande transfrontalière. Une partie importante de la production ivoirienne échappe au circuit officiel, étant vendue illicitement vers le Ghana ou le Burkina Faso, attirée par des prix plus élevés. Un renforcement de la transformation locale, stimulé par une demande accrue d’amandes certifiées, pourrait dissuader les producteurs de se tourner vers les réseaux informels, tout en assurant une meilleure rémunération au sein du pays.

Par ailleurs, la conjoncture actuelle pourrait encourager une diversification géographique des marchés. Déjà présente dans une trentaine de pays en 2021, la Côte d’Ivoire pourrait consolider ses parts sur le marché européen, tout en explorant d’autres régions prêtes à valoriser le « Made in Côte d’Ivoire ». À plus long terme, les transformateurs locaux pourraient investir dans des segments à haute valeur ajoutée, tels que les cosmétiques ou les produits alimentaires fonctionnels à base d’amande de cajou.

Au-delà des enjeux commerciaux, cette transformation représente un levier puissant pour la création d’emplois, l’autonomisation des femmes et des jeunes, et l’émergence d’une nouvelle génération d’« agripreneurs » dans les filières agricoles et industrielles. Si le gouvernement et les acteurs économiques nationaux parviennent à capitaliser sur cette fenêtre stratégique, les droits de douane américains, loin d’être un obstacle, pourraient bien devenir le catalyseur d’un changement structurel durable….Bakary Cisse

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