Par CB | Lementor.net
À Yopougon, ce samedi 16 août 2025, l’ancien président Laurent Gbagbo a une nouvelle fois exprimé avec fermeté son opposition à une éventuelle candidature d’Alassane Ouattara pour un quatrième mandat présidentiel. Devant une foule compacte et enthousiaste rassemblée sur la place Ficgayo, le fondateur du Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) a martelé que, selon lui, la Constitution ivoirienne est claire et limite l’exercice présidentiel à deux mandats. « Il n’y aura pas de quatrième mandat », a-t-il lancé, provoquant une ovation de ses partisans.
L’ancien chef d’État, fidèle à son style oratoire, a également tourné en dérision l’annonce d’une marche du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) visant à soutenir la candidature de Ouattara. « S’ils marchent pour dire oui, nous marcherons pour dire non », a ironisé Gbagbo, cherchant à galvaniser ses militants et à rappeler la capacité de l’opposition à mobiliser dans les rues.
Cette sortie s’inscrit dans un contexte particulièrement tendu à l’approche de la présidentielle d’octobre. Plusieurs figures majeures de l’opposition, dont Laurent Gbagbo lui-même, Tidjane Thiam, Guillaume Soro et Charles Blé Goudé, ont été écartées du scrutin par des décisions judiciaires fortement contestées. Pour les opposants, réunis au sein du Front commun PDCI–PPA-CI, il s’agit d’une manœuvre politique du pouvoir visant à verrouiller le processus électoral et à neutraliser toute alternance crédible. De leur côté, les partisans du camp présidentiel rétorquent que la révision constitutionnelle de 2016 autorise Alassane Ouattara à briguer un nouveau mandat, en estimant que les deux premiers exercés avant cette réforme ne devraient pas être comptabilisés.
Yopougon, la commune la plus peuplée du pays et bastion historique de l’opposition, a été choisie à dessein pour cette démonstration de force. À chaque échéance électorale, cette localité devient le baromètre de la mobilisation anti-pouvoir et un foyer de contestation capable d’influer sur le climat politique national. En 2020 déjà, le débat sur le troisième mandat d’Alassane Ouattara avait enflammé les rues d’Abidjan et divisé profondément la société ivoirienne.
En dénonçant la perspective d’un quatrième mandat, Laurent Gbagbo cherche à repositionner son camp comme le véritable rempart contre ce qu’il appelle une « dérive institutionnelle ». Mais au-delà des discours, la question demeure : cette opposition fragmentée par les exclusions judiciaires et les rivalités internes sera-t-elle en mesure de transformer ces slogans en une force politique capable de peser sur l’issue du scrutin ?
Une chose est sûre : la déclaration de Yopougon relance le débat national et confirme que la présidentielle de 2025 se jouera d’abord sur le terrain de la légitimité constitutionnelle.
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