Par AN | Lementor.net
Le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) est au cœur d’une tempête judiciaire et politique. Deux militants du parti, Messieurs Mey Jean Charles Thomas et Gba Golo Patrick, ont déposé une requête auprès du Tribunal de Première Instance d’Abidjan pour contester la légitimité de M. Cheick Tidjane Thiam à la présidence du parti et demander l’annulation des résolutions du 9ème Congrès extraordinaire tenu le 12 mai 2025.
Selon l’assignation obtenue par notre rédactions, les requérants invoquent deux séries de motifs principaux pour étayer leur action.
La première accusation porte sur la nationalité de l’actuel président. Les plaignants affirment que M. Thiam, ayant volontairement acquis la nationalité française par un décret de naturalisation le 24 février 1987, aurait en conséquence perdu sa nationalité ivoirienne en vertu de l’article 48 du Code de la Nationalité Ivoirienne. Or, l’article 8 de la loi sur les partis politiques et l’article 41 des statuts du PDCI-RDA stipulent que tout dirigeant d’un parti doit être de nationalité ivoirienne. Son élection à la tête du parti serait donc illégale.
De plus, ils soutiennent que M. Thiam ne remplirait pas une autre condition statutaire cruciale : celle d’avoir été membre du Bureau Politique pendant au moins 10 ans avant de se porter candidat à la présidence.
La seconde ligne d’attaque vise la régularité procédurale du congrès qui l’a élu. Les requérants relèvent plusieurs violations présumées du règlement intérieur du parti.
Ils pointent l’absence de convention d’investiture, soulignant que la désignation du candidat à la présidentielle doit, selon l’article 123, se faire lors d’une convention d’investiture spécifique, qui n’aurait pas eu lieu.
Ils relèvent également que la liste des délégués n’aurait pas été communiquée au Secrétariat exécutif 30 jours avant le congrès, comme l’exige l’article 37, une formalité non respectée qui rendrait le congrès clandestin.
Enfin, ils affirment qu’aucun bureau n’aurait été élu pour diriger les travaux du congrès, contrairement à l’article 39 du règlement intérieur.
Sur cette base, ils demandent au tribunal d’annuler l’ensemble des décisions de ce congrès, dont l’élection de M. Thiam.
Face à l’urgence de la situation à l’approche de l’élection présidentielle d’octobre 2025, les demandeurs avancent une argumentation subsidiaire. Ils estiment que M. Thiam est dans un empêchement absolu à exercer ses fonctions, le citant résidant en France depuis six mois sans raison valable apparente, incapable de diriger le parti et de présenter un candidat viable après le rejet de sa candidature par le Conseil Constitutionnel le 8 septembre 2025.
Ils demandent donc, en application de l’article 40 des statuts, que le tribunal constate la vacance du poste et désigne un président par intérim, rôle qui devrait normalement revenir au doyen d’âge des Vice-Présidents.
Le PDCI-RDA, l’un des piliers historiques de la vie politique ivoirienne, se trouve ainsi confronté à une crise interne sans précédent qui remet en cause la légitimité de toute sa direction. Le tribunal d’Abidjan est saisi pour trancher cette affaire hautement politique lors d’une audience fixée au jeudi 2 octobre 2025.
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