Par La Rédaction | Lementor.net
Le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) traverse une zone de turbulences à la veille de l’élection présidentielle de 2025. Si le parti s’est affiché uni derrière son président, Tidjane Thiam, l’éviction récente de Jean-Louis Billon de son poste de délégué départemental de Dabakala 1 marque un tournant révélateur des tensions internes. Officiellement, Billon n’a pas été radié du parti. Mais sa mise à l’écart d’un rôle local, hautement symbolique, traduit un bras de fer qui dépasse les frontières d’un simple réaménagement organique.
Un duel en suspens
Jean-Louis Billon, ancien ministre du Commerce et figure montante du PDCI, avait ouvertement exprimé son ambition présidentielle, même après la désignation de Thiam comme leader incontesté du parti. Pour lui, le débat démocratique interne ne devait pas être verrouillé, surtout après l’exclusion de Thiam du scrutin par la Commission Électorale Indépendante (CEI). Son insistance à se présenter comme un « plan B » crédible, en cas d’empêchement durable de Thiam, a sans doute accéléré la décision de ce dernier de le démettre de son poste local.
Thiam consolide son autorité
Tidjane Thiam, auréolé de son retour triomphal en politique, ne semble pas tolérer les dissonances internes. En révoquant Billon de ses fonctions de délégué départemental, il envoie un message clair : l’appareil du parti doit demeurer aligné, sans espace pour les ambitions parallèles. Cette décision s’inscrit dans une logique de centralisation du pouvoir, visant à éviter l’éparpillement à quelques semaines d’une campagne qui s’annonce déterminante pour l’avenir du PDCI.
Un signal aux militants
Au-delà de Billon, c’est l’ensemble des cadres du PDCI qui reçoivent un avertissement. Les ambitions personnelles doivent se plier à la discipline collective, même si cela suscite des frustrations. Pour de nombreux militants, la mise à l’écart de Billon est une façon de clarifier les positions : un seul capitaine est aux commandes, et les délégués départementaux sont priés de suivre la ligne fixée par la direction.
Fracture ou simple épisode ?
La question reste entière : la destitution de Billon est-elle le signe d’une fracture interne ou simplement un épisode stratégique pour asseoir l’autorité de Thiam ? L’ancien ministre conserve son statut de membre du PDCI, il n’a pas été radié. Mais son poids symbolique s’en trouve réduit, ce qui pourrait fragiliser son influence dans certaines bases locales. Pour Thiam, c’est un pari risqué : écarter un rival peut renforcer sa stature de chef, mais aussi laisser planer l’image d’un parti verrouillé.
Vers une recomposition silencieuse
Dans le contexte ivoirien où chaque geste politique est interprété comme un signal, cette mise à l’écart traduit la difficulté du PDCI à concilier modernisation, unité et démocratie interne. La figure de Billon, désormais en retrait institutionnel mais toujours présente dans les débats, pourrait incarner une opposition interne latente. Reste à savoir si ce duel à distance avec Thiam se transformera en fracture ouverte ou en recomposition silencieuse.
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