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Peine de mort et justice expéditive : douleur des victimes et enjeux des droits humains en RDC.

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La condamnation à mort de certains membres des « kulunas », ces jeunes délinquants qui sèment la terreur dans les quartiers de la République Démocratique du Congo, suscite un débat houleux, tant parmi la population que dans les cercles des défenseurs des droits humains. L’exécution de ces peines de mort s’inscrit dans un contexte de violence chronique, alimentée par des jeunes sans avenir, souvent marginalisés et laissés pour compte, qui font régner la terreur dans les villes. La récente tragédie du meurtre du jeune journaliste Patrick Adonis, tué de manière brutale par ces malfaiteurs alors qu’il rentrait du travail à Lubumbashi le 7 janvier 2025, n’a fait qu’exacerber le sentiment de révolte et de frustration des populations face à l’impunité qui semble régner.

D’un côté, la douleur des familles des victimes, des proches du défunt, et de la communauté dans son ensemble est indéniable. L’horreur du crime et la brutalité des attaques des kulunas, armés de machettes et d’autres armes blanches, semblent justifier, pour beaucoup, des mesures draconiennes et immédiates. Il est compréhensible que, face à l’ampleur des souffrances infligées à des innocents, une partie de l’opinion publique soutienne des verdicts sévères, notamment la peine capitale. Dans des zones comme Lubumbashi, où la criminalité semble prendre le pas sur l’ordre public, la mise en place de sanctions exemplaires paraît comme un recours pour calmer les esprits et restaurer une certaine forme de justice sociale.

La situation n’est pas moins préoccupante dans la capitale, Kinshasa, où la violence des kulunas, bien que différente dans sa manifestation, n’en est pas moins grave. Les attaques à main armée, les rackets et les cambriolages sont monnaie courante dans certains quartiers populaires de la ville, particulièrement à la tombée de la nuit.

Cette insécurité croissante provoque un climat de terreur qui engendre une demande massive de répression. Kinshasa, qui abrite plus de 10 millions d’habitants, souffre d’une pression sociale énorme : chômage, pauvreté, et une jeunesse désemparée souvent contrainte à la violence pour survivre. Ce contexte nourrit un désir de justice expéditive, et certaines voix dans la capitale, tout comme à Lubumbashi, soutiennent fermement la condamnation à mort des « kulunas », considérés comme des prédateurs dangereux pour l’ordre public.

Cependant, il convient de prendre du recul et d’analyser la situation sous un autre angle, celui de la nécessité de protéger les principes fondamentaux des droits humains et de garantir un système judiciaire juste et équitable. La procédure de flagrance, qui a conduit à ces condamnations expéditives, soulève de nombreuses questions sur la rigueur et la transparence du processus judiciaire. La justice, même dans les cas les plus graves, doit respecter les normes de procédure et offrir à l’accusé un droit à un procès équitable, avec une défense adéquate. Or, dans un contexte où les juridictions congolaises sont souvent accusées de corruption et d’influence politique, il est légitime de s’interroger sur la qualité de ces jugements rendus dans la précipitation.

Le président Félix Tshisekedi, conscient de la gravité de la situation, a déjà dénoncé à plusieurs reprises l’état de déliquescence du système judiciaire congolais. « La justice congolaise est malade », a-t-il déclaré, soulignant l’inefficacité de nombreuses institutions judiciaires et la persistance de la corruption au sein des tribunaux.

Cette critique du chef de l’État trouve une résonance particulière dans un contexte où des décisions aussi cruciales que la peine de mort sont prises sans garanties de transparence ni d’impartialité, mettant en lumière l’urgente nécessité de réformer un système judiciaire qui peine à instaurer la confiance.

Les organisations de défense des droits de l’homme, tant nationales qu’internationales, s’élèvent contre la réinstauration de la peine de mort, estimant que cette pratique ne fait qu’aggraver la violence et ne contribue en rien à la résolution des causes profondes de la criminalité. Selon elles, l’objectif devrait être la réhabilitation et non la rétribution à tout prix. Le recours à la peine capitale, dans un environnement aussi complexe et polarisé que celui de la RDC, pourrait également nourrir un cycle de vengeance et d’escalade de la violence.

Ces condamnations, en apparence justes pour ceux qui souffrent, risquent de ne faire qu’approfondir les divisions dans une société déjà fragilisée par des décennies de conflits et d’impunité.

En outre, la peine de mort ne doit pas faire oublier l’urgence d’une réforme profonde du système judiciaire et des politiques de sécurité. Il est nécessaire de s’attaquer aux racines du problème : le chômage des jeunes, le manque d’éducation, et l’absence d’opportunités socio-économiques qui poussent ces jeunes dans la criminalité. La question fondamentale n’est donc pas seulement celle de la punition, mais de la prévention et de la réinsertion.

En définitive, si les exécutions des « kulunas » peuvent sembler nécessaires aux yeux de certains, il est crucial de ne pas perdre de vue les principes de justice et d’humanité.

Le système judiciaire doit évoluer pour garantir une justice équitable et transparente, et pour éviter que les réponses violentes ne deviennent un frein à la construction d’une société pacifiée.

Les peines de mort, décidées dans l’urgence et la douleur, ne peuvent être la seule solution à la question complexe de la criminalité en RDC.

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