L’actualité politique nationale est fortement dominée ces jours-ci par l’affaire Laurent Gbagbo-Ahoua Don Mello, deux vieux amis, compagnons de lutte, fondateurs de l’ancien Front Populaire Ivoirien, parti politique qui a gouverné la Côte d’Ivoire de 2000-2010. Ces deux personnages sont des têtes fortes non seulement de l’intellectualisme ivoirien, mais également du Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI). Si le premier en est le président, le second est le vice-président exécutif en charge de la promotion du panafricanisme, poste très stratégique attribué en raison de ses positions très affirmées sur la souveraineté véritable de l’Afrique.
Cependant, et nul n’en ignore, Ahoua Don Mello a été très souvent traité dans le FPI, et aujourd’hui au PPA-CI, de rebelle, d’indiscipliné et d’opposant interne à Laurent Gbagbo. Même l’exil qu’il a vécu, au même titre que d’autres proches de Laurent Gbagbo, pendant près de dix années, n’ont pas réussi à convaincre certains de son ultime attachement à Laurent Gbagbo.
Toutefois, pour les plus lucides, et je m’y inscris dans ce groupe, Ahoua Don Mello est en réalité un politicien visionnaire, animé d’un profond désir de sauver la Côte d’Ivoire de la main des oppresseurs. Cette noble posture, que partage toujours certainement Laurent Gbagbo, le rend capable de cerner à des centaines de kilomètres, et d’avertir en toute responsabilité, des dangers ou blocages qui pourraient freiner cet élan vers la libération définitive de la Côte d’Ivoire.
C’est ce qu’il a fait, pour ne citer que cet exemple, lors de l’élection présidentielle de 1995, il a averti Laurent Gbagbo de ne pas s’allier à Alassane Ouattara, dans le cadre du Front Républicain, pour affronter le Parti Démocratique de Cote d’Ivoire-Rassemblement Démocratique Africain (PDCI-RDA) qui détenait les manettes du pouvoir, ce qu’il a refusé. C’est dans cette même veine, qu’il a tenté d’alerter, ces derniers jours, son camarade Laurent Gbagbo sur le risque de ne pas pouvoir compétir, en tant que candidat du PPA-CI, à l’élection présidentielle de 2025, en raison de son absence sur la liste électorale définitive.
Voyant le scénario de l’élection présidentielle de 2020 se pointer encore à l’horizon, où Laurent Gbagbo a été déclaré inéligible et le PPA-CI ne s’étant pas préparé activement à une seconde offre politique, il a tout simplement suggéré au président du PPA-CI, dans une note qu’il lui a remise personnellement le dimanche 29 juin 2025 à 16 heures à son domicile, d’autoriser deux ou trois autres candidatures qu’il a qualifié de « candidature de précaution ». Procédure administrative qu’il a l’habitude d’utiliser quand il doit mener une discussion sérieuse avec son leader en tête à tête. Pour des raisons de calendrier, la rencontre a été reportée le lendemain, après discussion préalable avec une commission dirigée par le Ministre Sébastien Dano Djédjé, Président Exécutif du PPA-CI.
Dans ladite note, le Ministre Ahoua Don Mello a même précisé que ces candidatures de précaution deviendraient caduques, si la candidature de Laurent Gbagbo venait à être validée par le Conseil Constitutionnel de Côte d’Ivoire.
Mais quel est le crime ? Où est la faute politique qu’a commise Ahoua Don Mello pour subir un tel courroux ? Qu’a-t-il dit d’aussi nauséabonde pour que le PPA-CI, dont je suis membre du Secrétariat Général, ponde, sans vergogne, un communiqué pour tenter de faire croire que le camarade Ahoua Don Mello, toujours membre du PPA-CI, se soit concerté avec le Parti au pouvoir pour distraire les ivoiriens ? La proposition n’est-elle pas lucide ?
Pourquoi le PPA-CI et son Président Exécutif voudraient faire croire aux ivoiriens qu’Ahoua Don Mello, fidèle compagnon de Laurent Gbagbo, intellectuel chevronné, socialiste reconnu, combattant pour la souveraineté de l’Afrique, soit un collabo du pouvoir en place et du bloc occidental ? Jamais nous ne le penserons de ce monsieur. Au contraire, à l’approche de l’élection présidentielle, les jeunes du Parti commencent à s’interroger sur la sincérité des cadres du PPA-CI qui, attaquent le matin mais le soir, dinent régulièrement avec le pouvoir en place et la France, tel Justin Katinan Koné, Président du Conseil Stratégique et Politique (CSP) du PPA-CI qui a été aperçu à la Résidence de l’Ambassadeur de France le soir du 14 juillet 2025, entrain d’échanger avec des hauts responsables du RHDP, s’échangeant même des rires à gorges déployés.
Certains prétendent que la faute d’Ahoua Don Mello réside dans la publication, dans les médias, de la suggestion faite à l’attention de Laurent Gbagbo, ce qui n’est manifestement ni de son fait ni d’un membre de son Cabinet. Je puisse vous l’assurer car je connais les méthodes au sein du vieux parti, lorsqu’on veut broyer terriblement un camarade. D’autres soutiennent que c’est un affront envers Laurent Gbagbo qui a trop souffert, et pour l’histoire de l’Afrique, doit être réhabilité, en redevenant Président de la République de Côte d’Ivoire.
Sauf qu’il est indéniable que Laurent Gbagbo, par tous ses combats menés et ses victoires enregistrées, la dernière à la Cour Pénale Internationale (CPI), est déjà entré dans l’histoire africaine et mondiale. Mieux, Laurent Gbagbo a été populairement réhabilité au Mali, au Burkina-Faso, au Niger, au Cameroun, en Guinée, en Europe, et bien d’autres pays, sans qu’il ne soit déclaré Président de la République de ces pays.
Or, s’entêter à vouloir coûte que coûte le maintenir candidat à l’élection présidentielle de 2025, bien qu’il ne soit pas éligible en l’état actuel, c’est ruiner les espoirs de toute une génération, une multitude de jeunes, d’hommes, de femmes et d’ivoiriens qui espèrent revoir la gauche reprendre les rênes de la Côte d’Ivoire pour la conduire vers sa destinée. En 2020, c’est désespérément que nous avons regardé notre champion être écarté de la course à la présidentielle. En cette année 2025, le Parti, qui doit normalement en tirer les leçons, veut faire rebelotte.
S’entêter à vouloir forcer jusqu’au bout, sans plan alternatif, pour la candidature de Laurent Gbagbo, c’est préparer un lit de pleurs et désolations au sein du Parti et des ivoiriens.
Ce qui importe plus aujourd’hui, et à quelques proches mois des élections, c’est de renouveler nos intelligences, en trouvant des solutions pour ne pas que 2025 échappe une fois de plus au PPA-CI.
En ce qui me concerne, j’adhère pleinement à la proposition du Ministre Ahoua Don Mello, tirée d’une lecture claire et lucide de la situation politique nationale.
Je lui apporte tout mon soutien.
J’appelle respectueusement le camarade Laurent Gbagbo, Président du Parti, qui m’a fait l’honneur de me nommer au sein du Secrétariat Général du Parti, à ouvrir une voie démocratique exceptionnelle, dans les plus brefs délais, par le dépôt d’autres candidatures, autres que la sienne, à l’élection Présidentielle de 2025.
Ensemble et de façon lucide, sauvons la jeunesse ivoirienne, libérons la Côte d’Ivoire.
AHILE Fernand dit Léo Côte d’Ivoire Secrétaire National Technique (SNT) du PPA-CI en charge de la Communication et de l’Organisation des Manifestations, Membre de la Commission Communication du PPA-CI Directeur de la Communication interne du PPA-CI
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