Par La Rédaction
À cinq mois de l’élection présidentielle ivoirienne, le ton se durcit entre le RHDP et les coalitions de l’opposition. Ce mercredi 4 juin 2025, lors de la tribune « Les Rendez-vous du RHDP », le ministre d’État Kobenan Kouassi Adjoumani n’a pas mâché ses mots : le parti au pouvoir assume pleinement sa marche vers le scrutin du 25 octobre, pendant que, selon lui, l’opposition persiste dans une stratégie d’obstruction et de « chaos ».
Un discours de fermeté face à une opposition fragmentée
Dans son propos liminaire, le porte-parole du RHDP a vivement critiqué les revendications jugées répétitives et irréalistes des partis d’opposition regroupés au sein de la coalition CAP-CI. Le meeting tenu par cette dernière à Yopougon le 31 mai, qualifié de mobilisation modeste, a été utilisé comme point de départ pour illustrer ce que le RHDP décrit comme une faiblesse de terrain masquée par un activisme verbal.
Au cœur des tensions : la publication de la liste électorale définitive, qui marque un point de non-retour pour les échéances constitutionnelles. Le RHDP considère que toute tentative de reconfiguration du processus électoral à ce stade — audit de la liste, recomposition de la CEI ou remise en cause du calendrier — est non seulement juridiquement infondée mais politiquement calculée. Le message est clair : pas de plan B, ni pour la présidentielle, ni pour les échéances préparatoires.
La posture présidentielle réaffirmée
Au moment où certaines voix dans l’opposition — notamment Simone Gbagbo — suggèrent au RHDP de désigner un autre candidat que le président Alassane Ouattara, le RHDP oppose une ligne de continuité. Non seulement le président sortant est pressenti comme candidat naturel, mais son leadership est revendiqué comme un gage de stabilité. Le congrès du parti, prévu les 20 et 21 juin, devrait entériner cette orientation, dans une organisation que le ministre Adjoumani oppose à « l’improvisation » qu’il attribue à d’autres camps politiques.
Une stratégie électorale couplée à une diplomatie active
Le rendez-vous du RHDP ne s’est pas contenté de commenter la politique intérieure. Deux événements internationaux ont été mis en lumière pour souligner la stature continentale du président Ouattara : l’élection de Sidi Ould Tah à la tête de la BAD, attribuée en partie à son soutien, et la visite officielle du Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko, qualifiée de « clarification fraternelle » dans les relations Abidjan-Dakar. Ces références diplomatiques servent un double objectif : rappeler le rôle pivot de la Côte d’Ivoire dans l’espace CEDEAO et renforcer l’image d’un président influent au-delà de ses frontières.
Entre confiance affichée et risque de rupture
Mais si le RHDP affirme sa confiance dans le processus et la victoire dès le premier tour, l’appel à l’apaisement n’est pas sans avertissement. Les critiques adressées à l’opposition portent également sur les risques de radicalisation politique. En particulier, les accusations à peine voilées contre ceux qui « cherchent les clefs de l’armée » laissent entendre que certaines prises de position frôleraient l’insubordination républicaine.
Dans ce climat tendu, la crédibilité du jeu démocratique dépendra moins des discours de campagne que de la capacité des institutions à garantir un environnement électoral serein, équitable et transparent. Le RHDP affirme que les règles sont connues, les délais respectés, et les institutions prêtes. Reste à convaincre l’ensemble des acteurs politiques et de la société civile que l’élection du 25 octobre 2025 ne sera pas qu’un rendez-vous administratif, mais une véritable compétition démocratique.
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