Par CB | Lementor.net.
À quelques semaines du scrutin présidentiel prévu en octobre 2025, le climat politique ivoirien continue de se tendre. Avocate au Barreau d’Abidjan et présidente des ONG La Sentinelle et CHID-H, Me Roselyne Aka-Sérikpa tire la sonnette d’alarme sur ce qu’elle considère comme des dérives inquiétantes pour l’État de droit.
Selon la juriste, la vague d’interpellations de militants du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) illustre une justice fragilisée par des irrégularités. Elle affirme avoir constaté, lors de ses visites en prison, l’absence de mandats d’arrêt ou de convocations préalables dans plusieurs dossiers. « Ces pratiques violent les garanties constitutionnelles et s’apparentent à des détentions arbitraires », soutient-elle. L’affaire concernant l’activiste Ibrahim Zigui, dont l’arrestation suscite des zones d’ombre, serait même assimilable à un « enlèvement » si les faits venaient à être confirmés, prévient-elle.
La décision du Conseil constitutionnel, le 8 septembre, d’écarter Laurent Gbagbo (PPA-CI) et Tidjane Thiam (PDCI-RDA) de la course électorale nourrit également ses inquiétudes. Me Aka-Sérikpa estime que les fondements juridiques de ces rejets sont « fragiles ». Dans le cas de l’ancien président, elle évoque des doutes sur le respect du droit à un procès équitable dans l’affaire BCEAO. Pour l’ex-patron du Crédit Suisse, elle dénonce une instrumentalisation des questions de résidence et de nationalité.
Au-delà des aspects techniques, l’avocate s’interroge sur le silence de plusieurs organisations de défense des droits humains, qu’elle assimile à une « complicité passive » face à de graves violations. Elle appelle la société civile à documenter, dénoncer et se mobiliser de manière pacifique mais résolue.
Face à l’opposition qui multiplie les appels contre un éventuel quatrième mandat du président Alassane Ouattara, Me Aka-Sérikpa lance un appel à la responsabilité collective. « La Côte d’Ivoire est à un carrefour décisif. Ces élections ne doivent pas rallumer la flamme de la violence », insiste-t-elle, exhortant les acteurs politiques à renouer avec un dialogue sincère. Et de conclure : « Notre pays nous observe. Il est de notre devoir de ne plus le faire pleurer. »
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