L’échéance de 2025 pour l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire suscite de plus en plus d’interrogations quant à la succession d’Alassane Ouattara, au cas où ce dernier déciderait de ne pas briguer un quatrième mandat. Le choix du successeur du président est non seulement crucial pour l’avenir du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), mais également pour la stabilité politique et économique du pays, dans un contexte où la Côte d’Ivoire fait face à des défis de développement tout en consolidant ses acquis économiques.
Téné Birahima Ouattara : la continuité familiale
L’un des noms qui revient avec insistance est celui de Téné Birahima Ouattara, le frère cadet du président et actuel ministre de la Défense. Sa proximité familiale avec le chef de l’État et sa position au sein de l’appareil sécuritaire en font une figure centrale du pouvoir ivoirien. Cette proximité garantit une certaine continuité, non seulement politique, mais également idéologique, au sein du RHDP.
Toutefois, l’option Téné Birahima pose plusieurs questions. D’une part, bien qu’il ait prouvé sa loyauté indéfectible à son frère et au parti, sa candidature pourrait susciter des critiques de népotisme, notamment dans une région où les successions dynastiques dans les régimes démocratiques sont souvent mal perçues. D’autre part, malgré son expertise en matière de sécurité et de défense, il lui manque une expérience significative dans la gestion économique, un aspect essentiel pour diriger un pays dont l’économie est en pleine croissance, mais encore vulnérable.
La stabilité sécuritaire qu’il pourrait offrir serait indéniablement un atout, surtout face aux menaces régionales liées au terrorisme et à l’insécurité transfrontalière. Cependant, il reste à démontrer sa capacité à rassurer les milieux économiques et la communauté internationale, deux piliers importants de la stabilité ivoirienne.
Tiémoko Meyliet Koné : la carte économique
À l’opposé, Tiémoko Meyliet Koné, actuel vice-président et ancien gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), apparaît comme un profil davantage tourné vers les enjeux économiques. Sa carrière dans la haute finance et la gestion macroéconomique lui confère une légitimité indéniable auprès des partenaires financiers internationaux et des investisseurs. Pour une Côte d’Ivoire en quête de maintien de sa croissance économique et de diversification de son économie, un candidat ayant une solide expérience en gestion économique pourrait rassurer tant les marchés que les électeurs soucieux de développement.
Toutefois, Tiémoko Meyliet Koné pourrait se heurter à deux défis majeurs. D’abord, son manque de charisme politique et d’expérience en matière de sécurité intérieure et extérieure pourrait être perçu comme un handicap dans un pays où le contexte sécuritaire est de plus en plus préoccupant. Ensuite, il devra convaincre l’électorat et l’establishment du RHDP qu’il est capable de gérer non seulement les aspects économiques, mais aussi les enjeux politiques complexes d’un pays marqué par de profondes fractures sociales.
Le dilemme du RHDP : continuité ou rupture douce ?
Le choix entre ces deux figures incarne un dilemme plus large pour le RHDP. D’un côté, opter pour Téné Birahima Ouattara garantirait une continuité dans la gouvernance du parti et de l’État, mais risquerait d’accentuer l’image d’un pouvoir clanique et familial. De l’autre, un choix en faveur de Tiémoko Meyliet Koné permettrait de projeter une image de modernisation et d’ouverture, mais pourrait susciter des inquiétudes quant à sa capacité à gérer les crises politiques et sécuritaires.
Le RHDP pourrait également envisager une troisième voie, celle d’un candidat de compromis, issu des rangs du parti mais capable d’allier continuité et innovation. Cependant, dans un système politique aussi personnalisé que celui de la Côte d’Ivoire, la bénédiction d’Alassane Ouattara sera déterminante. Si le président choisit de ne pas se représenter, son influence dans le processus de désignation du candidat sera incontestable, et son soutien pourrait être le facteur clé pour assurer une transition en douceur.
Les implications régionales et internationales
Au-delà des frontières ivoiriennes, le choix du successeur d’Alassane Ouattara aura des répercussions sur l’ensemble de la sous-région ouest-africaine. La Côte d’Ivoire, locomotive économique de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), joue un rôle central dans la stabilité de la région. La communauté internationale, notamment les institutions financières comme la Banque mondiale et le FMI, observera de près cette transition, car la stabilité politique de la Côte d’Ivoire est un facteur essentiel de la stabilité économique régionale.
En somme, la désignation du candidat du RHDP pour 2025 sera un moment crucial pour l’avenir du pays. Que ce soit un choix de continuité avec Téné Birahima Ouattara ou un tournant avec Tiémoko Meyliet Koné, ou encore une figure de compromis, l’enjeu sera de maintenir l’équilibre entre stabilité et changement, afin de préserver les acquis économiques tout en répondant aux aspirations démocratiques du peuple ivoirien.
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