Par La Rédaction | Lementor.net
L’onde de choc est immense en République Démocratique du Congo (RDC). Le 22 août 2025, le procureur général militaire a officiellement requis la peine de mort contre l’ancien président Joseph Kabila, poursuivi par contumace pour trahison, crimes de guerre, insurrection et complicité avec la rébellion du M23. Ce tournant judiciaire, inédit dans l’histoire contemporaine du pays, relance avec force le débat sur la justice, la mémoire des conflits armés et l’instrumentalisation politique des procès.
Un ancien chef d’État rattrapé par l’histoire
Joseph Kabila, au pouvoir de 2001 à 2019, avait quitté la présidence avec une réputation ambivalente : artisan d’un certain équilibre institutionnel mais aussi accusé de tolérer corruption, abus de pouvoir et violences militaires. Resté sénateur à vie, il bénéficiait d’une immunité parlementaire levée en mai 2025, ouvrant la voie à sa mise en cause. Son procès, ouvert en juillet, se déroule en son absence et porte sur des charges extrêmement lourdes : soutien présumé au M23, organisation d’insurrections armées et responsabilité dans des crimes de guerre documentés par plusieurs ONG.
La fin du moratoire sur la peine capitale
Le caractère dramatique de cette requête tient aussi au contexte légal. Pendant plus de vingt ans, la RDC avait suspendu l’application de la peine de mort, notamment sous le mandat de Kabila lui-même. Mais en mars 2024, le gouvernement a levé le moratoire, justifiant ce choix par la nécessité de lutter contre la trahison, le terrorisme et l’insécurité persistante dans l’Est du pays. Ce retour de la peine capitale donne aujourd’hui à ce procès une dimension symbolique et politique encore plus explosive.
Justice ou revanche politique ?
Si le procureur a requis la peine la plus lourde, les proches de Kabila dénoncent ce qu’ils qualifient de « procès politique ». Pour eux, l’affaire n’est pas seulement une question de droit mais aussi une tentative de neutraliser un ancien chef d’État toujours influent sur la scène nationale. L’opinion publique congolaise est, elle, partagée : certains voient dans ce procès une avancée vers la reddition de comptes après des décennies de violences, d’autres y lisent une manœuvre orchestrée par les nouveaux équilibres politiques au sommet de l’État.
Une décision aux répercussions régionales
Au-delà du seul cas congolais, la requête de peine de mort contre Joseph Kabila interroge l’Afrique centrale et la communauté internationale. Comment réagir face à la perspective d’une condamnation capitale d’un ancien président ? Quelle sera l’attitude des pays voisins, dont certains ont entretenu des relations étroites avec Kabila ? Les chancelleries occidentales, déjà critiques vis-à-vis du rétablissement de la peine de mort en RDC, observent la situation avec inquiétude, conscientes que ce procès pourrait créer un précédent dans la région.
Une page sombre à écrire
Le verdict n’est pas encore tombé, mais l’histoire s’accélère. Rarement un ancien chef d’État africain aura été confronté à une telle demande judiciaire dans son propre pays. Entre recherche de justice pour les victimes des conflits et soupçons de règlements de comptes politiques, la RDC se trouve à un carrefour périlleux. La peine de mort, si elle venait à être prononcée puis exécutée, ouvrirait une ère nouvelle, marquée autant par la volonté d’exemplarité que par le risque de fracture politique et sociale.
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