Le gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC) a intensifié sa lutte contre le banditisme urbain en recourant à la peine capitale pour sanctionner les membres des gangs appelés « Kulunas ». Cette décision, applaudie par une partie de la population excédée par l’insécurité, suscite néanmoins une vive controverse, notamment de la part des organisations des droits de l’homme.
Une réponse à l’insécurité grandissante
Depuis plusieurs années, les grandes villes de la RDC, notamment Kinshasa, font face à une recrudescence des violences urbaines perpétrées par des groupes de jeunes délinquants. Ces gangs, héritiers des anciens « Pombas », terrorisent les habitants avec des actes de vols, d’agressions et de meurtres, souvent armés de machettes.
En réponse à cette menace, le gouvernement a lancé l’opération « Zéro Kuluna – Ndobo » en décembre 2024, marquée par des arrestations massives et des procès expéditifs. Le ministre de la Justice, Constant Mutamba, a annoncé lors d’une conférence de presse tenue le 6 janvier 2025 que plusieurs dizaines de jeunes, âgés de 18 à 35 ans, ont été condamnés à mort.
Selon le ministre, 102 personnes ont déjà été exécutées à la prison d’Angenga dans le nord-ouest du pays. Parmi elles, 57 ont été exécutées au cours des dernières 48 heures. Un groupe supplémentaire de 70 prisonniers serait également en attente d’exécution.
Réactions contrastées
Si cette mesure a été saluée par une partie de la population lassée de l’insécurité, elle a également déclenché une vague de critiques de la part des organisations nationales et internationales de défense des droits de l’homme. Ces dernières dénoncent une approche brutale, potentiellement sujette à des abus et des erreurs judiciaires.
« La peine de mort ne peut pas être une solution durable. Elle ne s’attaque pas aux causes profondes du problème, comme le chômage, la pauvreté et l’exclusion sociale », souligne un porte-parole d’une organisation humanitaire.
Ces défenseurs des droits mettent également en garde contre des procès expéditifs qui ne respecteraient pas les normes internationales en matière de justice, craignant des exécutions arbitraires.
Une solution durable en question
La RDC, pays en reconstruction après des années de guerre, fait face à un défi de taille : rétablir la sécurité tout en garantissant le respect des droits humains. Si l’éradication des « Kulunas » apparaît nécessaire pour protéger les populations, des voix appellent à des politiques davantage axées sur la prévention.
En plus d’une répression stricte, les organisations de défense des droits recommandent des initiatives visant à réduire la précarité et à réintégrer les jeunes marginalisés dans la société par des programmes éducatifs et professionnels.
Le recours à la peine de mort, bien qu’il puisse apparaître comme une solution immédiate, soulève des questions sur les valeurs et les priorités d’un État en quête de stabilité. Entre approbation populaire et contestations humanitaires, la RDC se trouve à un carrefour crucial dans sa lutte contre l’insécurité.
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