Par La Rédaction | lementor.net
Le gouvernement ivoirien poursuit sa modernisation de l’appareil judiciaire. Réuni en conseil des ministres ce mercredi 30 juillet 2025, l’exécutif a entériné un important réaménagement de la carte judiciaire nationale, avec l’adoption d’un décret érigeant 35 sections de tribunaux détachés en tribunaux de première instance autonomes. Une réforme institutionnelle qui vise à rapprocher davantage la justice des citoyens, tout en renforçant l’efficacité et la célérité des procédures.
Ce changement s’inscrit dans une volonté stratégique de décentralisation judiciaire, amorcée depuis plusieurs années, mais désormais accélérée à l’approche du renouvellement des cadres de la magistrature. Ces nouvelles juridictions auront vocation à traiter de manière autonome les contentieux civils, commerciaux, sociaux ou correctionnels relevant du premier degré de compétence, sans dépendre systématiquement d’un tribunal centralisé à plusieurs dizaines, voire centaines de kilomètres.
Selon des sources proches du ministère de la Justice, cette évolution permettra non seulement un désengorgement des tribunaux principaux, notamment ceux d’Abidjan, Bouaké, Yamoussoukro ou Daloa, mais également une amélioration concrète de l’accès à la justice pour les populations rurales ou périphériques. La mise à disposition d’un cadre juridique de proximité devrait, à terme, encourager le règlement judiciaire des conflits, là où l’éloignement ou la lenteur du système entretenaient parfois le recours aux solutions informelles ou à la justice parallèle.
Sur le plan administratif, cette réforme implique la réorganisation des ressources humaines et logistiques. De nouveaux magistrats, greffiers et personnels de soutien devront être affectés, tandis que des infrastructures judiciaires existantes seront réhabilitées ou reconstruites pour répondre aux standards requis. Le gouvernement, conscient des défis budgétaires liés à cette expansion, affirme que ce chantier institutionnel s’inscrit dans une trajectoire progressive, avec un accompagnement technique et financier planifié.
En filigrane, cette décision réaffirme l’engagement de l’État ivoirien à respecter ses obligations internationales en matière d’accès équitable à la justice, de protection des droits fondamentaux et de renforcement de l’État de droit. À quelques mois d’une élection présidentielle sous tension, marquée par plusieurs contentieux politiques sensibles, ce geste est aussi perçu comme un signal institutionnel fort : celui d’un pays qui cherche à consolider ses institutions républicaines, au-delà des joutes électorales.
Si les décrets adoptés ce 30 juillet marquent une étape importante, les observateurs attendent désormais leur mise en œuvre effective. Car c’est sur le terrain, dans les salles d’audience et au contact des justiciables, que cette réforme prendra toute sa valeur – ou révélera ses limites.
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