ABIDJAN — La Commission spéciale de suspension et de retrait de permis de conduire a publié ce mercredi son rapport mensuel pour mai 2025. Bilan sans appel : 29 permis de conduire ont été suspendus, et 5 conducteurs ont écopé de sanctions avec sursis, à la suite d’infractions qualifiées de graves par les autorités.
Si ces chiffres peuvent paraître modestes au regard du volume de circulation à Abidjan et dans les grandes villes du pays, ils traduisent une fermeté nouvelle dans la gestion de la sécurité routière en Côte d’Ivoire.
L’heure est à la rigueur
Les infractions les plus souvent relevées dans le rapport concernent l’excès de vitesse, les dépassements dangereux, la conduite en état d’ivresse ou sous l’effet de stupéfiants, ainsi que l’usage du téléphone au volant. Certains cas extrêmes ont même impliqué des chauffeurs professionnels de transport en commun, soulignant une faille persistante dans le contrôle des conducteurs exerçant dans les filières du transport urbain.
La Commission spéciale, organe interministériel mis en place pour juger les cas de mise en danger de la vie d’autrui sur les routes, semble vouloir désormais donner un signal fort : la tolérance zéro est en marche.
Une politique qui s’inscrit dans la durée
Depuis le lancement du Plan national de sécurité routière 2022–2027, les autorités multiplient les campagnes de sensibilisation mais aussi les contrôles renforcés. La mise en circulation de radars automatiques, l’introduction de formations obligatoires pour les chauffeurs de transport public et l’intégration de points de pénalité sur les permis font partie des réformes progressivement mises en œuvre.
Selon le ministère des Transports, ces efforts commencent à porter leurs fruits : une baisse de 8 % du nombre d’accidents graves aurait été enregistrée entre janvier et avril 2025, comparé à la même période en 2024.
Des sanctions, mais aussi une pédagogie
En parallèle des suspensions, la Commission a recommandé l’envoi de certains contrevenants en formation complémentaire de sécurité routière, une mesure à visée éducative. Cette approche combine sanction et rééducation, dans l’espoir de modifier durablement les comportements sur la route.
Cependant, les organisations de la société civile appellent à aller plus loin. Des voix s’élèvent pour réclamer un audit de certains centres d’auto-école, accusés de délivrer des permis sans réelle formation, et pour renforcer la protection des piétons et motocyclistes, souvent les plus vulnérables.
Une dynamique à surveiller
Si la rigueur actuelle se confirme, la Côte d’Ivoire pourrait amorcer une véritable révolution en matière de sécurité routière. Mais le défi reste immense : désengorger les routes, améliorer l’état du réseau routier secondaire, et inculquer une culture citoyenne du respect du code de la route.
Car au-delà des sanctions, c’est un changement de mentalité collective qu’il faudra opérer pour enrayer définitivement le fléau des accidents évitables.
La Rédaction
Leave a comment