Par CB
Yamoussoukro, le 5 juin 2025 – C’est un pas de plus vers une autonomie énergétique durable que vient de franchir la Côte d’Ivoire. En lançant deux appels d’offres pour la construction de centrales solaires photovoltaïques de 100 MW chacune, à Dabakala et Niakaramandougou, le gouvernement concrétise son ambition d’inscrire le pays parmi les champions africains de l’électricité verte.
Mais au-delà des chiffres, c’est une transformation structurelle du mix énergétique qui s’opère. Et avec elle, une redistribution silencieuse mais puissante des opportunités économiques, de la justice territoriale et de la souveraineté énergétique.
Deux projets, un même cap : l’équité énergétique
L’implantation des projets dans les zones de Dabakala (Nord-Est) et Niakaramandougou (Centre-Nord) ne doit rien au hasard. Ces localités font partie des régions longtemps délaissées par les infrastructures de distribution électrique. En y installant des centrales à haute capacité couplées à un système de stockage de 33 MWh, l’État entend corriger les déséquilibres historiques en matière d’accès à l’électricité.
Ce choix participe du Plan National d’Électrification Rurale (PNER), qui vise à faire passer le taux de couverture électrique de 74 % en 2023 à plus de 95 % d’ici 2030. Dans un pays où l’industrialisation décentralisée est un levier clé pour l’emploi, l’électricité devient plus qu’un service : un droit de développement local.
Un modèle hybride : concession privée et pilotage public
Le cadre retenu est celui du contrat de concession de 25 ans, un modèle qui garantit à la fois la rentabilité à long terme pour les opérateurs privés et le contrôle stratégique de l’État sur les infrastructures critiques. L’appel d’offres, ouvert jusqu’à fin juillet, devrait attirer une pluralité d’acteurs : entreprises africaines spécialisées dans les énergies renouvelables, consortiums européens ou asiatiques, et fonds d’investissement à impact.
L’intégration de batteries de stockage dans chaque projet répond à un double impératif : lissage de la production (notamment en soirée) et stabilisation du réseau. Une configuration qui inscrit la Côte d’Ivoire dans la nouvelle génération de projets solaires intelligents, combinant efficacité, résilience et performance environnementale.
Le solaire comme levier géopolitique et économique
Ces projets viennent consolider la réputation énergétique du pays, déjà considéré comme un hub sous-régional dans l’exportation d’électricité vers le Ghana, le Mali, le Burkina Faso ou encore la Guinée. À terme, la montée en puissance du solaire permettra à la Côte d’Ivoire de libérer des capacités hydroélectriques et thermiques pour la revente régionale, tout en réduisant sa dépendance aux importations de carburants.
Sur le plan climatique, le pays honore ainsi ses engagements dans le cadre de l’Accord de Paris, avec un objectif de réduction de 30 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Un signal fort à l’approche de la COP 30, où la voix de l’Afrique sur les enjeux de justice climatique est attendue avec insistance.
Le défi du savoir-faire et de l’inclusion locale
Si la promesse est immense, sa concrétisation passera par la montée en compétence du tissu local. Il ne s’agit pas seulement d’installer des panneaux, mais de former des ingénieurs, des techniciens, des agents de maintenance. Les programmes de formation devront donc précéder l’ouverture des chantiers.
De même, les communautés locales devront être associées aux phases de planification, pour éviter toute résistance sociale ou sentiment de dépossession. Car une transition énergétique réussie est aussi une transition participative.
Vers un avenir éclairé
Avec ces deux nouvelles centrales, la Côte d’Ivoire montre qu’elle ne se contente plus de commenter l’avenir : elle le construit, avec méthode, ambition et pragmatisme. Le soleil, autrefois simple donnée climatique, devient aujourd’hui ressource stratégique et facteur de dignité nationale.
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