Treize ans après le lancement officiel des programmes de désarmement, la Côte d’Ivoire continue de faire face à une prolifération d’armes légères préoccupante. Selon les chiffres communiqués par la Commission nationale de lutte contre la prolifération des armes légères (ComNat-ALPC), 29 765 armes ont été collectées et détruites entre 2012 et 2025. Mais ce bilan, souvent brandi comme un indicateur de progrès, masque une réalité plus sombre : l’échec d’un désarmement véritablement exhaustif.
À la suite des crises armées de 2002 et de 2010-2011, les estimations évoquaient plus de 100 000 armes circulant sur le territoire national. Treize ans plus tard, à peine un tiers de ce stock aurait été neutralisé. Le reste ? Introuvable, caché dans des dépôts illégaux ou réinjecté dans les circuits criminels.
Armes dormantes, menaces actives
Malgré les campagnes de sensibilisation et de récupération menées par la ComNat-ALPC, de nombreuses armes restent enfouies dans les anciennes zones de conflit, notamment au nord et à l’ouest du pays. Ces caches, souvent oubliées des radars officiels, alimentent ponctuellement des actes de violence : braquages armés, tensions communautaires, ou trafics transfrontaliers.
La difficulté du processus tient autant à la méfiance des populations qu’à l’insuffisance des incitations proposées. Sans garantie claire de sécurité ni perspectives économiques solides, de nombreux ex-combattants refusent de se dessaisir de leurs armes, perçues comme leur seul filet de protection.
Une paix sous condition
Si les autorités ivoiriennes se veulent rassurantes quant au respect des engagements internationaux en matière de désarmement, plusieurs analystes dénoncent un processus plus symbolique que structurel. L’absence de système efficace de traçabilité, le manque d’opérations de fouille ciblées et la faiblesse des dispositifs communautaires rendent le chantier largement inachevé.
Dans une sous-région marquée par l’instabilité sécuritaire et les trafics d’armes en provenance de zones sahéliennes ou du golfe de Guinée, la Côte d’Ivoire reste exposée. La consolidation de la paix passe désormais par une approche plus intégrée, combinant renseignement, réformes du secteur de la sécurité et actions de proximité dans les zones à risque.
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