Dans le cadre de sa campagne présidentielle, Tidjane Thiam, figure emblématique de la finance internationale, a dévoilé une ambition qui fait déjà couler beaucoup d’encre : propulser des Ivoiriens au rang de milliardaires en dollars. Cette promesse, séduisante pour certains et utopique pour d’autres, pose des questions sur sa faisabilité économique et les moyens d’y parvenir.
Une vision ancrée dans le potentiel ivoirien
Tidjane Thiam, ancien directeur général du Crédit Suisse et expert en stratégies économiques, a su marquer son empreinte à l’échelle internationale. Fort de cette expérience, il ambitionne de transformer l’économie ivoirienne pour faire émerger des fortunes d’envergure mondiale. Selon lui, la Côte d’Ivoire, grâce à son dynamisme économique, peut produire des entrepreneurs capables de rivaliser sur les marchés internationaux.
Les secteurs ciblés dans son programme, notamment l’agro-industrie, la technologie, l’énergie et les infrastructures, sont considérés comme des moteurs de richesse durable. En particulier, le développement du numérique et des startups pourrait offrir des opportunités exceptionnelles pour les jeunes entrepreneurs ivoiriens, à condition que des réformes structurelles soient mises en œuvre.
Une ambition face aux défis structurels
Cependant, la promesse de Tidjane Thiam se heurte à une réalité complexe :
1. Un environnement des affaires à améliorer : La Côte d’Ivoire figure encore parmi les pays où les obstacles administratifs et les problèmes de corruption freinent l’investissement.
2. Accès limité au financement : Bien que le secteur bancaire soit en croissance, l’accès des PME et des startups à des capitaux conséquents reste marginal. Sans un système financier inclusif, il sera difficile de transformer des ambitions en réalités économiques.
3. Formation et compétitivité : La création de milliardaires nécessite des compétences de pointe et une main-d’œuvre hautement qualifiée. Cela impose une refonte du système éducatif et des investissements massifs dans la recherche et l’innovation.
4. Inégalités sociales : Dans un pays où une large partie de la population vit sous le seuil de pauvreté, la création de milliardaires risque d’être perçue comme une promesse élitiste si elle ne s’inscrit pas dans une dynamique de développement inclusif.
Un pari économiquement réalisable ?
L’idée de voir des Ivoiriens rejoindre le cercle fermé des milliardaires en dollars n’est pas irréaliste, mais elle repose sur plusieurs conditions :
• Des réformes structurelles ambitieuses : Simplification administrative, lutte contre la corruption et amélioration de la gouvernance.
• Des politiques favorisant l’innovation : Encourager les investissements dans les technologies et l’entrepreneuriat, avec un soutien accru aux jeunes entreprises.
• Un cadre fiscal et économique incitatif : Réduction des charges pour les entreprises, création de zones économiques spéciales et attractives pour les investisseurs étrangers.
• Un plan de redistribution clair : Pour éviter une polarisation sociale, des mécanismes de redistribution des richesses devront accompagner la création de ces grandes fortunes.
Une promesse audacieuse mais stratégique
En inscrivant cet objectif dans son programme, Tidjane Thiam semble vouloir marquer une rupture avec les politiques traditionnelles, misant sur une vision de développement axée sur le secteur privé et la compétitivité. Mais cette stratégie comporte des risques : dans un contexte de précarité économique pour de nombreux Ivoiriens, la promesse de milliardaires pourrait être perçue comme déconnectée des priorités immédiates de la population.
La promesse de Tidjane Thiam reflète une vision ambitieuse pour la Côte d’Ivoire, basée sur l’exploitation de son potentiel économique et la valorisation de ses talents. Si elle est économiquement possible, sa réussite dépendra de la capacité du candidat, s’il est élu, à instaurer un cadre propice à la transformation de l’économie et à réduire les inégalités sociales.
Reste à savoir si les Ivoiriens adhéreront à cette vision et s’ils sont prêts à parier sur un projet aussi audacieux que celui d’un futur où des compatriotes figurent parmi les hommes les plus riches de la planète.
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