Par la Rédaction
Le président de la Fédération Ivoirienne de Football, Yacine Idriss Diallo, a profité de la 63e Assemblée générale de l’institution pour livrer un discours à la fois ferme, réfléchi et tourné vers l’avenir. Ses propos ont mis en lumière les tensions internes, les défis structurels du football national, mais surtout une volonté constante de bâtir sur les acquis tout en prônant le dialogue, l’inclusion et la rigueur. Loin d’un exercice de communication classique, cette intervention marque un tournant stratégique dans la gouvernance du football ivoirien.
Dès les premières minutes, Yacine Idriss Diallo a donné le ton. En s’adressant au président du RCA, Souleymane Cissé, avec une pointe d’ironie et de franchise, il a rappelé l’inutilité de la politique de la chaise vide. Le message est clair : dans un contexte aussi exigeant que celui du football national, marqué par de fortes attentes et des ressources limitées, le dialogue doit primer sur les postures personnelles. L’invitation à « se voir régulièrement » n’est pas anodine : elle souligne la nécessité d’une implication continue des acteurs du football, au-delà des simples rendez-vous statutaires.
L’un des points les plus marquants reste la posture du président Diallo vis-à-vis des futures élections à la tête de la FIF. Sans jamais verser dans la polémique, il affirme le droit de tout Ivoirien à se porter candidat, tout en réaffirmant sa propre légitimité à travers les résultats obtenus sous sa gouvernance. C’est une manière habile de désamorcer les critiques tout en rappelant que son projet repose sur des faits concrets, comme le retour des Éléphants à la Coupe du monde ou encore le classement honorable du football ivoirien sur le continent.
Sur le terrain du développement, notamment des jeunes, le président a opposé des initiatives tangibles à certaines critiques récurrentes. Les championnats U13 et U15, en cours d’organisation dans toutes les ligues régionales, incarnent une stratégie de structuration du vivier national. Loin des effets d’annonce, ces projets s’appuient sur les Conseillers Techniques Régionaux (CTR), preuve que l’approche territoriale et inclusive est désormais privilégiée. L’exemple de l’académie Jean-Marc Guillou au Mali, cité avec lucidité, sert de miroir : les exploits des Néné Dorgelès et Bissouma sont un rappel que le travail de fond, commencé tôt, finit toujours par payer.
Sur la délicate question de l’exode des jeunes talents, Diallo reconnaît la profondeur du problème tout en appelant à une réponse collective. Sa proposition de digitaliser les championnats de jeunes afin de mieux tracer les parcours constitue une innovation structurelle. Elle témoigne de sa volonté de moderniser les outils de gouvernance, en s’inspirant des bonnes pratiques du continent tout en les adaptant aux réalités ivoiriennes.
En matière de soutien financier, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le doublement des subventions à la Ligue 1 (de 50 à 100 millions FCFA), l’augmentation pour la Ligue 2 et l’introduction d’une dotation pour la D3 montrent une dynamique de consolidation du football local. Tout en appelant à la prudence budgétaire, Diallo laisse entrevoir une ouverture à de futures revalorisations, conditionnées à l’arrivée de nouveaux moyens. Sa gestion prudente mais ambitieuse contraste avec les discours parfois populistes d’augmentation immédiate des primes.
L’intervention du vice-président d’Innova Sporting Club sur les contentieux devant le TAS a donné l’occasion au président de rappeler une vérité simple mais essentielle : le recours à la justice fait partie du fonctionnement normal d’une fédération. Par cette posture, il désamorce toute tentative de dramatisation et renforce l’image d’une FIF qui fonctionne selon des principes de droit.
Enfin, l’arbitrage, souvent sujet à polémique, a été abordé avec transparence. Dix réclamations sur 900 matches : le chiffre, révélé par le président de la Ligue, remet en perspective les critiques souvent amplifiées par les émotions. Pour autant, Diallo ne verse pas dans le déni. Il exige l’irréprochabilité, conscient que l’arbitrage reste un point névralgique de la crédibilité d’un championnat. Son ouverture à « toutes les idées pouvant faire avancer » montre une gouvernance ouverte, pragmatique, et centrée sur l’amélioration continue.
En définitive, cette 63e Assemblée Générale aura permis à Yacine Idriss Diallo de démontrer qu’il n’est ni dans la posture de l’autosatisfaction, ni dans celle de l’esquive. Son discours est celui d’un président conscient des défis, attaché à des résultats mesurables, ouvert à la critique mais exigeant sur la méthode. En assumant ses choix, en valorisant les progrès réalisés, et en appelant à l’unité sans complaisance, il pose les jalons d’une gouvernance fédérale plus mature. Le football ivoirien, fort de ses ambitions africaines et mondiales, semble désormais entre des mains qui veulent conjuguer autorité et responsabilité.
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