L’exploit de Zeinab Bance, cheffe ivoirienne désormais inscrite dans le prestigieux Livre Guinness des records, dépasse le cadre du défi personnel. En cuisinant plus de 15 000 plats en cinq jours sans sommeil, elle a transcendé la simple performance culinaire pour devenir un symbole d’unité, de résilience et de fierté nationale. Ce record, qui éclipse celui d’une Américaine, a rappelé l’esprit d’union qui animait les Ivoiriens lors de la dernière CAN, ravivant un sentiment collectif souvent fragilisé par des tensions politiques ou sociales.
Au-delà de l’émotion suscitée, cet exploit met en lumière un pan souvent méprisé mais fondamental de notre société : celui des métiers informels. Les cuisiniers, coiffeurs, couturiers, bouchers et autres artisans, souvent relégués à la périphérie de l’économie formelle, constituent pourtant l’épine dorsale de notre système économique. Ce secteur, qui emploie la majorité des Ivoiriens, est non seulement une source de revenus pour des millions de familles, mais également un levier de cohésion sociale.
Zeinab Bance, par son acte, a offert une visibilité inattendue à ces travailleurs de l’ombre. Elle a montré que leur contribution dépasse le simple cadre économique : ils nourrissent, habillent et coiffent la nation, et sont au cœur de nos dynamiques communautaires. Ce sont eux qui incarnent, au quotidien, la résilience ivoirienne.
Cependant, cette visibilité ne saurait suffire. Les autorités ont désormais une responsabilité : celle de formaliser et valoriser ce secteur. Cela passe par une régulation adaptée, des formations certifiantes, un accès aux crédits, une protection sociale, et surtout une reconnaissance officielle de leur rôle dans le développement du pays. En leur donnant les moyens de prospérer, c’est toute l’économie nationale qui en bénéficiera.
Zeinab Bance a ouvert la voie. Son exploit est un appel à l’action pour bâtir une société où chaque métier est reconnu à sa juste valeur. Il est temps de transformer l’élan de solidarité suscité par cette performance en un véritable projet politique et économique, car, comme elle nous l’a montré, l’extraordinaire naît souvent des gestes les plus ordinaires.
En faisant de Zeinab une héroïne nationale, faisons également de tous les artisans de l’économie informelle des acteurs incontournables du développement ivoirien. Le futur se construit avec dignité, et cela commence par rendre hommage à ceux qui, jour après jour, portent la nation à bout de bras.
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