Que Reproche-t-On Concretement À Youssouf Bakayoko ?

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138 voix contre 119. Adjugé ! le FPI ne participera pas à la Commission Electorale Indépendante. Point de panel ou de recomptage pour emporter la décision. La majorité a parlé. Or donc le consensus n’est pas toujours la panacée !!! Les membres d’une assemblée délibérante peuvent donc procéder au vote pour trancher un contentieux ponctuel sans que cela soit perçu comme un sacrilège ou un brigandage de la majorité ? Ah la belle affaire ! À lire les récriminations des extrémistes de la refondation au lendemain de l’élection de Youssouf Bakayoko à la tête de la CEI, on était vraiment en droit d’en douter. Et cette soudaine reconversion des pontes du gauchisme ivoirien aux vertus de la démocratie vient confirmer les suspicions nées de leur entêtement à voir le président de la CEI désigné par consentement unanime. Si les membres d’une même formation politique sont incapables d’accorder leurs violons au point de recourir au vote pour trancher de l’opportunité de leur entrée dans la commission chargée des élections, peut on raisonnablement trouver scandaleux que les membres de cet organe aux antagonismes marqués puissent recourir à la même solution pour régler leurs différends ? N’y aurait il donc pour le parti à la rose de démocratie qui tienne en dehors de celle qui lui permet d’imposer son point de vue ?
Mais au fait que reproche-t-on à Youssouf Bakayoko ? La réponse qui consiste à dire qu’il a dirigé un scrutin qui a abouti à un contentieux aux conséquences funestes n’est aucunement recevable. Auquel cas les frontistes ne s’escrimeraient pas depuis trois ans à faire libérer leur patron et obtenir sa participation à l’élection de 2015. Lui qui par son entêtement à s’accrocher au pouvoir après sa défaite à précipité ce pays dans un chaos sans nom. Ce n’est pas Bakayoko qui est jugé à la CPI. Alors que lui reproche-t-on concrètement ? Accusé levez vous ! 

1-Youssouf Bakayoko aurait proclamé des résultats hors délai…

On l’a dit et redit à maintes reprises (redisons le encore), nulle part dans le code électoral ou la constitution il n’est question d’un délai pour la proclamation des résultats d’une élection présidentielle ou autres. Le délai de trois jours prescrit par l’article 59 du code électoral est relatif à la communication des résultats au conseil constitutionnel. Délai respecté puisque le CC à reçu les Procès verbaux le 1er décembre 2010. 

2- Youssouf Bakayoko n’aurait pas proclamé les résultats au siège de la CEI…

Objection ! L’accusé ne peut être légitimement tenu responsable d’une situation créée par ceux là même qui lui font un procès aujourd’hui. Vu que ces derniers pour des raisons qui leur sont propres ont remué ciel et terre pour l’empêcher de faire la proclamation dans lesdits locaux… 
…Objection accordée !

3- Youssouf Bakayoko aurait proclamé des résultats non consolidés.

Le but de la consolidation est d’épurer les résultats en extirpant toutes les anomalies grossières et autres contrefaçons manifestes destinées à servir des intentions frauduleuses. Elle n’a nullement pour objectif de faire droit aux revendications fantaisistes de mauvais perdants ou de leur fournir une recette pour empêcher la proclamation des résultats. La preuve que cet argument relevait du dilatoire réside dans le fait que les mêmes qui refusaient la proclamation des résultats ne voyaient aucun inconvénient à ce que ces mêmes résultats non consolidés soient transmis au conseil constitutionnel. Et ce d’autant plus que la proclamation ou non de ces chiffres auxquels on n’a toujours reconnu un caractère provisoire ne pouvait en aucun cas remettre en cause la possibilité pour l’une ou l’autre des parties d’introduire une requête en annulation auprès de cette institution. 

4- Youssouf Bakayoko serait marqué politiquement…

Le représentant spécial de l’ONU, le facilitateur de la CEDEAO, le panel de l’UA….toutes ces personnes et tous ces organismes seraient ils marqués politiquement au point que leurs positions en 2010-2011 aient pu provoquer le courroux des actuels tenants du neutralisme politique et les entrainer dans une bravade suicidaire aux répercussions catastrophiques ? Quel rôle central Youssouf Bakayoko jouerait-il au sein de cette commission au point que sa non neutralité soit mise en avant et prise comme prétexte pour quitter la CEI ? Un individu fut il tatoué ou vacciné politiquement peut il à lui tout seul renverser les résultats d’une élection au nez et à la barbe des autres membres de la CEI ? 

À l’évidence ce qui est reproché à l’accusé, ce n’est ni la nature des résultats qu’il a proclamé en 2010, ni les circonstances de cette proclamation encore moins son obédience politique. Ce qui lui est reproché véritablement, c’est d’avoir tout simplement proclamé les résultats… Ainsi à l’image d’un élève qui reprocherait à son professeur d’avoir lu sa note lors de la distribution des copies, le FPI reproche au président de la CEI d’avoir fait savoir à la nation et au monde entier le résultat des urnes et donc la défaite de Laurent Gbagbo au scrutin de 2010. C’est çà la vérité. Pour nos socialos, il ne fallait en aucun cas que cette proclamation se fasse ou que ces chiffres soient publiés avant le verdict du camarade Paul Yao N’dré. Ci devant président du CC et dernier recours pour sauver la maison avec un semblant de dignité. Ils auraient ainsi eu les coudées franches pour ensuite contester tous chiffes communiqués à postériori. Etant entendu que dans sa décision le serviteur zélé de Koudou s’en serait tenu au strict minimum, se contentant d’annuler des voix ça et là sans jamais communiquer les résultats originaux qui auraient pu révéler la forfaiture. Ainsi mise devant le fait accompli, l’opposition aurait eu le rôle du mauvais perdant. Et les protestations de Choï et Compaoré aurait eu moins d’impact auprès de l’opinion internationale et surtout africaine. C’était bien pensé. Mais c’est raté. Par la faute de Youssouf Bakayoko qui par son obstination a déjouer le complot et mis en échec cette conjuration bien huilée. Chose que le FPI ne lui pardonne toujours pas. Voici donc le fond de l’histoire. Toutes ces élucubrations et autres discours à l’eau de rose sur les vertus du consensus politique ou les bienfaits de la concorde nationale ne sont que pure distraction. 
Le FPI a décidé de soumettre à un vote interne sa décision d’intégrer la CEI. La CEI de son côté a choisi la même solution pour désigner son président. Dans les deux cas le choix de la majorité s’impose. Vive la démocratie !

Jean Ecclesiaste

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