Franklin Nyamsi, « le colonel de la plume » : portrait d’un stratège de la communication politique de crise.

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Avec l’avènement d’Internet, cet espace public où chacun peut s’ériger en  journaliste, expert, érudit pour nourrir des rumeurs, construire des blocs d’ignorance, voire, entretenir des esprits de morts, nul homme politique n’est à l’abri de surprises désagréables. Après la diffusion d’une vidéo abjecte de vous, postée sur les réseaux sociaux, d’un  montage fallacieux, visant à écorner votre image et détruire votre vie, il faut être capable de réagir et combattre beaucoup plus rapidement, efficacement et simultanément sur deux fronts ; celui de l’événement et celui des enjeux politiques engendrés par cet événement. Sur le terrain de la communication politique, on parle de « gestion de crise ».

Entendons par crise, toute menace sérieuse envers les structures de base ou les valeurs fondamentales et les normes d’un système, qui, sous la pression de l’urgence et des circonstances incertaines nécessitent de prendre des décisions à caractère vital. Ce qui suppose une philosophie de la communication qui oblige à adopter une attitude spécifique pour revenir au mode visuel et usuel de vie. Ainsi, des procédures judiciaires de Nicolas Sarkozy aux frasques de Dominique Strauss-Kahn, en passant par les manoeuvres de diabolisation du Président Alassane Ouattara aux actes contraires aux bonnes moeurs de nombre de nos dirigeants Africains, la palette est large des situations possibles et donc de logiques communicationnelles à l’œuvre. S’il est vrai qu’à chaque contexte correspond une stratégie bien donnée, il n’est pas faux  de reconnaître que la succession et l’accumulation de crises incessantes affaiblissent progressivement la parole politique. Comment dès lors les anticiper, décrypter, les comprendre avant d’ agir et tenter de les apprivoiser ? D’ailleurs, une crise en tant que phénomène, peut-elle être prévisible ?

Pour tenter de solutionner cette problématique, on aurait pu s’inspirer de corpus divers et variés, mais par souci de cohérence, nous partirons de l’étude à froid de l’une des plus grosses crises qui a animé la sphère politique Ouest-Africaine ces derniers temps : la crise politico-diplomatique Ivoiro-Burkinabé. Quelles sont les stratégies de communication qui ont été mobilisées, en l’espèce, depuis l’ éclosion jusqu’à l’extinction de cette énième « sorcellerie politicienne »?

Telle est la question qui nous oblige à jeter un regard studieux sur la séquence de  communication qui a entouré les circonstances du mandat d’arrêt international lancé le 8 janvier par un tribunal burkinabé contre le Président de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire. Au -delà des multiples contributions des uns et des autres, somme toute, utiles, nous choisirons dans cette tribune de consulter les lumières d’un intellectuel politique Africain de haut vol, l’un des communicants majeurs de cet épisode : le Professeur Franklin Nyamsi. Plus précisément, il s’agira pour nous d’ ausculter les sorties médiatiques, que dis-je ?,  « des frappes médiatiques » de celui que le président Guillaume Soro surnomme affectueusement « le colonel de la plume » avant l’émission du dit mandat, afin d’en jauger sa « puissance de feu », à travers (I) sa vitesse de réactivité structurelle en situation d’urgence, et sa spontanéité naturelle dans l ‘art de clore le débat (II).

I- Spontanéité et réactivité réfléchies : essence de la communication Nyamsiste

Même si on s’accorde à reconnaître qu’il est important de capitaliser sur les crises et d’en tirer toutes les leçons, la réalité est plus nuancée par le fait même qu’elles sont rarement identiques. En revanche, qu’on soit dans l’armée ou en communication, toute crise, quelle qu’elle soit, exige une bonne dose d’improvisation, ce qui requerra davantage de flexibilité que des plans rédigés à l’avance. Lesquels plans risqueraient de juguler toue initiative individuelle et toute spontanéité alors que c’est justement ce qu’il faut privilégier en pareilles circonstances. Ne dit-on pas qu’il faut parfois aussi battre le fer lorsqu’il est chaud  ?

Le 12 Novembre 2015, à l’initiative de son leader générationnel et politique, Franklin Nyamsi va porter l’estocade dans un argumentaire percutant et déroutant, intitulé les « Sept bonnes raisons de jeter à la poubelle les prétendues écoutes téléphoniques du délirant Théophile Kouamouo  » ( http://www.guillaumesoro.ci/tribune-internationale/sept-bonnes-raisons-de-jeter-a-la-poubelle-les-pretendues-ecoutes-telephoniques-du-delirant-theophile-kouamouo_4435_1447373324.html). Il est 5 h 36, oui vous avez bien lu 5 h 36 du matin, soit quelques heures seulement après la divulgation officielle de la cabale médiatisée par les pigeons plumitifs Théophile Kouamo et Mathieu Bouabré, aux ordres du Lieutenant-colonel Zida. A travers cette analyse à chaud, le monde entier venait de découvrir avec stupeur et dégout la tentative de manipulation de l’opinion publique dont est victime la deuxième personnalité de Cote d’ivoire. Dans l’urgence, quoique fatigué par les perpétuels bouleversements, en communicant intelligent, notre Docteur en philosophie va respecter les interdits majeurs en communication de crise, à savoir ne pas sombrer dans la digression, l’arrogance, les procès expéditifs, les extrapolations fantasmagoriques.

Pour enfoncer le clou, le 16 Novembre 2016, le coup de massue tant attendu est  lancé : « Les écoutes téléphoniques anti-Soro : analyse à froid d’une énième tentative d’assassinat politique  » ( http://www.guillaumesoro.ci/tribune-internationale/les-ecoutes-telephoniques-anti-soro-analyse-a-froid-d-rsquo-une-enieme-tentative-d-rsquo-assassinat-politique_4489_1447667092.html)

Ce sont ces deux « frappes de drones  » caustiques et décapantes du colonel de la plume » qui ont  suffi à mettre en déroute l »éphémère Yacouba Isaac Zida, pulvérisé jusque dans ses derniers retranchements. Prenant ses jambes à son cou vers le Canada, dans l’espoir de disparaître définitivement de la circulation, on comprendra dès lors pourquoi le mandat d’arrêt international burkinabé contre Guillaume Soro était juridiquement et politiquement mort-né d’avance. Comme quoi, l’arène politique est inhérente à la guerre de communication !

En dépit de cette longueur d’avance, Franklin Nyamsi (FN en abréviation comme Forces Nouvelles) va continuer de veiller au bon déroulement des choses jusqu’à leur aboutissement final, dans leur moindre détail, via des interventions écrites et orales savamment pensées et équilibrées. Ce fut la première victoire des Soroistes, et par dessus tout, le début de la réhabilitation de l’image de la Cote d’ivoire, qui du reste, semblait avoir pris un coup dans ce brouhaha juridico-médiatique.

II- L’art de communiquer tout au long de l’épreuve pour mieux clore le débat .

Tous les experts de la communication déclarent que  » les crises ne finissent pas d’elles-mêmes, elles doivent être closes ». En affirmant cela, ils constatent que le milieu politique où ils se situent utilise souvent la fin d’une crise pour propulser de nouvelles polémiques et créer « une crise après la crise ». C’est pour briser ce lien cyclique infernal que le manager de crise doit rester vigilant, patient et surtout ne pas décider de mettre fin au débat de manière brutale, spécialement avant même que tous les indicateurs externes ne démontrent un retour stable à la situation antérieure.

Ecoutons ici le natif de Sakbayémé du Cameroun, ce 05 Mai 2016 pour s’en convaincre :  » Et comment finir, sans souligner le bonheur rétrospectif et prospectif de l’analyste politique que nous sommes ? Dès le 12 novembre 2015 au soir, nous avions fermement dénoncé une sinistre cabale organisée contre Guillaume Soro. Nous ne le regrettons point ! Le combat pour la vérité a besoin de notre engagement et de notre persévérance. Nous sommes le 5 mai 2016, et la vérité objective réconcilie définitivement les mondes de l’expertise technique acoustique, de l’expertise judiciaire internationale, de la connaissance historique du leadership générationnel africain de Guillaume Kigbafori Soro. Cette affaire, nous dit Interpol par sa cinglante démystification des cabalistes anti-Soro, est strictement politique. Nous, nous ajouterions mieux : strictement politicienne. Et la voici à jamais réduite à sa piteuse et ridicule dimension. »( https://www.facebook.com/notes/franklin-nyamsi/interpol-frappe-la-cabale-anti-soro-s%C3%A9croule/10153590782183807)

Qui douterait un seul instant de la dimension sacrale de cet extrait de la dernière tribune internationale de celui qu’il convient aujourd’hui de considérer comme une éminence grise et intellectuelle au service de la démocratie Africaine ? Que veut-il établir dans cette déclaration ? Trois leçons certainement …

a) Qu’il faut attaquer que lorsqu’on est certain de gagner. Sinon, attendre le temps qu’il faudra que la situation tourne à notre avantage selon le principe de Sun Tzu.

b) Que, savoir mettre fin aux hostilités c’est pouvoir l’annoncer tout en gardant la cohérence des messages dans la durée.

b) Que, communiquer au début et à la fin, sont les grands repères distinctifs de tout communicant talentueux. Il ne s’agit pas ici de rassurer uniquement mais aussi d’informer fréquemment, aussi complètement que possible, tout au long de la crise.

Concluons donc notre propos …

Les crises seront toujours plus nombreuses, complexes et quasiment impossibles à prédire, à l’avenir en raison de la complexification de nos systèmes politiques. Et tous les initiés savent bien la difficulté qu’il y a à la gestion d’une crise. Quand elle survient dans l’armée comme dans la vie de tous les jours, il faut pouvoir compter sur des officiers qui ont la capacité de faire face au danger, toujours loyaux et fidèles à l’esprit et à la lettre de la mission.

On n’est pas colonel pour soi même, on l’est au sein d’une corporation, d’une armée ou d’un groupe à l’instar de l’armée des anti-ivoiritaires, des combattants de la lumière et de la vérité restauratrice, celle qui puise sa substance dans la visée destinale du leader générationnel Guillaume Soro, dont Franklin Nyamsi est par ailleurs, le conseiller spécial. Pour ma part, j’ai l’honneur de faire partie de cette prestigieuse école d’analystes politiques qu’il coordonne avec maestria et diligence. Voici présentée la stratégie proactive de celui que le chef du parlement ivoirien nomme avec emphase  le  » colonel de la plume », « le père du régiment du Logos », pour la cause suprême de la démocratisation concrète de l’Afrique. Qu’ajouter de plus à cette présentation sommaire ? Sinon, un ultime avertissement aux saltimbanques ambulants : « Qui s’y frotte, s’y pique ». 

Une tribune internationale de Lawrence Atiladé 

Doctorant en science politique à l’EHESS-Paris

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